vendredi 22 janvier 2010

11 décembre 2009 : San Pedro de Atacama

Carnet de bord un peu trop détaillé par Nico (et vraiment mal écrit, ça pique les yeux et parfois c'est même grossier, ouuuh le vilain)

Trip Chili/Bolivie/Argentine

les photos du Chili:

https://picasaweb.google.com/julien.breton2/ChiliSanPedroDeAtacama#

https://picasaweb.google.com/julien.breton2/ChiliValparaiso#

07/12 :

levé à 8h pour arriver à l’université UPC à 10h et enfin tenter de récupérer mon passeport. Arrivé là bas : personne. Attente à la salle NTIC où j’en profite pour facebooker le temps que les gens du bureau des étudiants inter arrivent. Récup du passeport et retour à la maison sans payer le deuxième combi (vivo). Arrivé à l’appart on commence à tout ranger puisque Ju s’est déjà occupé de l’organisation du voyage (entre autre les impressions de documents pour l’avion en fait). Il s’active plutôt beaucoup en fait depuis hier. On a le temps mais bon un petit coup de stress ne fait jamais de mal.

Vers 16h le Dr Sotelo arrive et on stocke le gros de nos affaires chez lui pour n’emporter qu’une sorte de gros strict minimum. Mon sac pèse 10kg, celui de Ju 15 mais il porte mes tongues ce qui explique l’écart. Vers 17h Carmen arrive pour acheter nos meubles, c’est une nana qui a essayé de choper Ju à un concert de bossa nova (Nova Lima). Vers 18h on va dire au revoir à Joel le propriétaire du bar en dessous de chez nous. Beaucoup trop d’émotions alors qu’on les connait pas les serveuses. Lol en résumé.

Nous nous offrirons même un splendide gâteau d'anniversaire de départ sur lequel il était inscrit "Feliz Cumpleaño Jean Pierre!" (Joyeux Anniversaire Jean-Pierre!)


On part ensuite vers chez Lola pour poser les matelas pour les victimes du tremblement de terre de Pisco de 2007. Pareil, petit moment d’émotion inutile, j’aime pas dire au revoir parce que ça me fais rien et tout le monde semble s’emporter dans du too much. Sonia et Lola se prennent momentanément pour nos mamans et ça fait toujours autant bizarre de sentir que des gens tiennent à toi et sont bien plus inquiets qu’ils ne devraient l’être, surtout qu’on les reverra en Patagonie 10 jours plus tard mais j’y reviendrais.

A 19h et des poussières on arrive chez Jen qui était alors sous la douche pour ceux que ça intéresse. Elle nous fait à manger tous ses restes de bouffe : gratin de pates DeLuxe. On est moi Ju, Jen et Laura. Le tout est arrosé de bière locale (la Cusqueña, forcément, les autres étant horribles). Bref on fini toutes les réserves de Jen qui part 1 mois en Inde rejoindre son copain. Nous l’accompagnons à l’aéroport via son pote taxi puisque le hasard fait bien les choses et que nos deux avions partent quasiment à la même heure. A l’aéroport on a un vol différent Ju et moi car je m’y suis pris trop tard et qu’apparemment c’est des coins très fréquentés durant l’été austral. Je vais à mon guichet pour découvrir que je dois payer 30$ de taxe d’aéroport… Quelle bande de putes de voleurs de mes deux.

Ju tombe sur un boulet qui sait pas faire son travail et qu’il faut accepter bien gracieusement d’aider pour pouvoir obtenir ce qu’on veut. Bref c’est le Pérou, des fois c’est comme ça que ça se passe on connait la musique. Jen quant à elle a achetée un billet à une compagnie qui n’existe pas sur les ordinateurs péruviens, je ne parle même pas de l’existence du vol donc l’état fictif semble évident. LOL (à prononcer lentement avec des trémolos dans la voix). On va donc payer notre taxe le sourire aux lèvres, le point positif c’est que la fille qui encaisse à un t-shirt sympa que je veux : c’est marqué en blanc sur fond rouge « think : it’s still legal ». On passe ensuite à la douane, le vol décollant dans pas si longtemps. Et là forcément on tombe sur le stéréotype de la connasse méchante de la douane. Celle-ci commence avec Jen en lui disant que son Visa n’est pas un vrai Visa, je ne peux retenir de pouffer de rire bêtement à l’idée qu’il y ait des faussaires de Visa qui rodent dans les aéroports. Le Visa de Jen était par ailleurs un vrai et il a fallut appeler le manager ce qui mit vite fin à mes moqueries. Bref cette sotte était bornée et probablement mal forniquée ce qui est triste et annonçait moult joyeusetés pour Ju et moi qui étions restés dans la même queue, tels des benêts. Arrive le tour de Ju, celui-ci a un Visa touristique de 6 mois alors que normalement c’est 3 mois. L’idiote le remarque et le sermonne tandis qu’il reste de marbre, certainement sourd à ses virulentes vitupérations. Elle lui fait remarquer dans un final cliché que ça ira pour cette fois mais qu’elle ne l’y reprenne pas à s’incruster dans son pays illégalement pendant 3 mois. On ne connait que trop mal les méfaits du tourisme je suppose. C’est mon tour, je m’avance sur de moi, j’ai un Visa officiel, signé par le consul du truc du machin des affaires internationales, que l’école m’a procuré. Bref j’ai le bon Visa. Celle-ci me demande alors pourquoi j’ai un Visa officiel alors que je n’ai pas de passeport officiel. Je reste interdit, digère l’information, demande de répéter, confirme qu’elle est bête et lui fait signaler que j’ai un vrai passeport et que merci ça va à part ça. En fait je savais pas que le passeport officiel c’est le passeport de diplomate… Bref c’est pas ma faute si j’ai un Visa officiel, j’ai pas choisi. Bien entendu, je m’efforce de ne pas déchainer la furie des flammes sur sa ronronnante personne (j’ai toujours eu envie de placer cet adjectif : voila). Elle me demande ensuite d’un sourire mauvais de reremplir une carte de migration inutile qu’elle s’empresse allégrement de déchirer une fois que je lui rends.

Nous voila donc de l’autre côté, dans le bord international. Jen a disparu, son vol est déjà parti. Ju est quelque part mais je n’ai pas le temps de le chercher car mon avion part dans la minute. Je me précipite donc vers mon siège sympathiquement confortable et m’endors peu après avoir lu quelques pages de Mona Lisa Overdrive de William Gibson (très bon livre by the way). Je me fais réveiller à Iquique, la ville la plus au nord du Chili, où il faudra sortir de l’avion et passer par la police internationale et glander 2h à rien faire dans l’aéroport en construction sans toilettes avant de repartir dans le même avion. C’était une escale technique prévue. J’étais à la masse dans l’aéroport et complètement perdu. J’ai donc suivi la masse mouvante des chiliens heureux d’enfin quitter ce pays si peu occidentalisé qu’est le Pérou. On remonte donc dans l’avion, comme je suis pas assez fatigué pour m’endormir je prend le bouquin et lis les deux pages salvatrices. Je serai de toute façon réveillé quelques minutes plus tard par des hôtesses très zélées qui veulent absolument que j’ingurgite la bouffe fournie avec le billet. A cause du repas chez Jen je suis complètement blindé, et manger ne fais donc pas partie des options. J’essaie de me rendormir mais on est quasiment arrivés. Bref une nuit en plusieurs épisodes, parfait pour être décalqué comme il faut.


8/12 :

Il est 6h du mat à ma montre et j’étais supposé arriver à 8h20. En plus l’avion de Ju a 3h de retard et je dois donc l’attendre. Je récupère mon sac et constate que mon sac d’hydratation est abimé : le robinet a été arraché pendant le chargement ou le déchargement. Youpi, voila de quoi me mettre de bonne humeur. C’est donc le sourire aux lèvres que j’entame ce journal de bord. Quand Ju arrive j’apprends que le Chili a 2h d’avance sur le Pérou niveau fuseaux horaires. La géographie du continent m’a trompé et je n’ai finalement pas eu à attendre tant que ça.

On va à l’ATM et celui-ci nous propose de retirer 100K$ de notre compte à notre grand étonnement. Comme il me semble que je n’ai pas cette somme sur mon compte et que c’est la plus petite possible à retirer, je m’en vais quérir l’aide d’un employé de l’aéroport. Celui-ci nous informe alors du taux de change : 1€ = 700$ ($ étant également le signe du peso chilien (et argentin tant qu’on y est). Donc on retire 100k peso ce qui nous parait amplement suffisant pour notre séjour au Chili. De rapides coups d’œil aux prix et les conversions adéquates en soles (monnaie péruvienne) me permettent de constater que l’on s’est probablement déjà fourvoyé. En effet le niveau de vie semble 3 fois plus élevé qu’au Pérou et rejoins ainsi les prix français. Autant en emporte notre budget.

Des nuées de taxis nous hèlent, ils sont tous vraiment chers, genre même en France je ne payerai pas ce prix pour un taxi, mais je suis radin. Malgré nos multiples refus polis, un taxi driver nous tiens la pate pendant 10 bonnes minutes, essayant de nous convaincre que son prix est le plus bas, mais en vain (25 dollars américains pour aller au centre ville de Santiago du Chili : la bonne blague). Le bougre, dans ses efforts pour nous vanter les bénéfices de son affaire, nous amena en fait à l’arrêt de bus, ce qui était exactement ce qu’on cherchait. Celui-ci nous emmena au centre ville pour 1400$, soit 2€.

Là, nous trouvons rapidement le terminal de bus où nous démarcherons les différentes compagnies pour trouver le bus le moins cher pour se rendre à San Pedro de Atacama, notre destination. Les prix des bus s’avèrent bien plus chers que prévus et nous sommes réduits à payer le prix fort car toutes les compagnies se sont alignées sur l’allez retour à 50K$ soit 70€. Il doit être certainement possible, en s’y prenant à l’avance, de trouver des covoiturages vers Calama ou San Pedro de Atacama, mais en s’organisant sur place c’est tout de suite moins facile. Notre bus partant à 14h, nous décidons de trouver une solution pour réparer mon sac d’hydratation. Nous errerons alors dans les grands centres commerciaux de Santiago, à la recherche d’un produit qui apparemment n’existe pas dans le commerce : les robinets pour camel bag. Avis à ceux qui travaillent dans le business du camping, la demande est là. Néanmoins, cette promenade nous permet d’observer que les Chiliennes sont grosses, avec un corps de poire, mal habillées façon pop des années 80 et qu’elles ont toutes de magnifiques yeux verts (couleur que je convoite en France et qui s’avère banale ici). La transition est impressionnante par rapport au Pérou où les femmes ont de beaux corps et des yeux très sombres. Franchement d’ailleurs, pour une fois le Pérou n’a rien à envier au Chili de ce côté-là. Bref tout ceci est inquiétant parce qu’on aime bien voir des jolies filles entre deux randos.

On monte finalement dans le bus qui part à l’heure indiquée ! Je tiens à mettre l’accent sur le fait que cette ponctualité fut une incroyable surprise, du genre de celles que l’on n’espère même plus. Très vite je m’endors afin de rattraper ma nuit. Je me réveille quelques heures plus tard au début d’un film super dont je ne sais pas le nom qui parlera de l’immigration clandestine aux états unis et de la paranoïa collective des employés du gouvernement face aux étrangers. Ce film dont je n’avais entendu parler était vraiment super et je dis ça aussi parce qu’ils ont enchainés avec l’intégrale des Van Damme dont les intrigues sont aussi risibles que dans mes souvenirs d’enfant. Le bus est confortable, tant mieux d’ailleurs vu le prix. On est bien assis mais le stewart s’échine à ouvrir et fermer les rideaux au moindre changement de luminosité. Un excès de zèle qui me les cassera plus d’une fois, j’ai failli le mordre. De plus nous n’avons pas encore mangés et il semble qu’il n’y a pas de repas inclus dans le billet pourtant hors de prix. J’imagine même pas combien coutent les bus chilien où l’on mange aussi. Au fur et à mesure que les films de Van Damme s’enchainent je me dis avec du recul que c’est pas plus mal qu’on ne mange pas, cela nous évite de vomir partout devant la piètre qualité des films qui nous sont imposés. Pour ceux que ça intéresse, je passerai mon temps à pisser aussi. Nous arriverons le lendemain à Calama à 13h, comme prévu ! Cette ponctualité me réjouis


9/12 :

Nous prenons le bus de Calama pour San Pedro de Atacama pour la modique somme de 2500$ (3,5€ environ). Nous traversons en chemin une partie du désert de Atacama, région désolé, plane et parsemée de mines de salpêtre, souffre, et cuivre qui en font la région la plus riche du Chili, et aussi la plus chère. Nous voila prévenus, le 56k de l’appart de Lima ne nous ayant pas permis d’en savoir plus. Cette région appartenait auparavant au Pérou, et le Chili en pris possession lors de la victoire écrasante de la guerre du pacifique où ils mirent glorieusement fin à la coalition Pérou-Bolivie dont l’armée n’avait pas d’uniformes, ni assez d’armes pour tout le monde. Le Pérou leur en veut toujours depuis, et il existe en ces deux pays une sorte de rivalité malsaine qui va donner je sais pas quoi vu que c’est absolument pas mon domaine d’études ni d’intérêt.

La splendide église de San Pedro de Atacama


Nous arrivons à San Pedro de Atacama à 13h, le ventre pas très plein, (voire super vide puisque ça fait tout de même 24h que nous n'avons rien mangé) et nous entreprenons de chercher un hôtel. On trouve finalement un camping pas cher à 2500$ la nuit par personne sans eau chaude, ce qui n’a pas d’importance vu la chaleur. Nous enchainons ensuite vers la rue principale de la ville : caracoles (les escargots) afin d’y chercher à manger. Nous y trouvons rapidement une sorte de Wan-Tan fourré pour 1000$ ce qui sera suffisant pour tenir jusqu’au soir. Quand enfin nous allons voir les tours il est 16h15, et nous apprenons à notre plus grand désarroi que les tours partent à 16h. Bref nous avons perdu une demi-journée. Un trip qui commence donc comme il se terminera, à l’arrache, déconnecté de la réalité. Dans San Pedro de Atacama, il y a beaucoup d’étrangers, en fait on n’a pas beaucoup vu de Chiliens. La ville est encore plus cosmopolite que Cusco ! Il y a plusieurs restaurants français également, aux prix bien entendus inaccessibles pour nous pauvres étudiants. A noter, on rencontrera plus de français qu’autre chose durant le voyage, ils ne seront pas cités à chaque fois. Au début c’est chouette, mais au bout d’un moment ça blase quand même. Amis étrangers, apprenez à parler français et allemands pour parler aux touristes, nous sommes vraiment plus nombreux que les anglophones, du moins dans cette région du monde.

En organisant la suite des évènements on trouve un tour pour la Bolivie pour 160 dollars américains de 4 jours… Nous partirions le Samedi 12/12 dans la matinée pour revenir le 16/12 et prendre un bus vers Santiago pour prendre l’avion vers El Calafate. On choisi de faire els lagunas cejar le lendemain à 20km, en vélo, puis le lendemain les puritamas puis en fin de journée la vallée en vélo. On va manger dans le premier restaurant qu’on trouve, grave erreur qui nous coutera 5K$ pour manger un truc gastronomique qui ne sens même pas bon et qui ne cale pas. Nous allons nous coucher, et dormons comme des pierres.


10/12 :

Nous nous levons à 7h du mat pour aller louer les VTT et partons à 8h direction les lagunas cejar après avoir petit déjeuner un pot de crème fraiche que Ju avait pris pour du lait concentré. J'en profiterais d'ailleurs, sûrement par dépit, pour en jeter une bonne partie par terre, juste devant l'entrée d'un restau qui venait d'ouvrir.

Les lagunas Cejar sont des lacs (enfin des mares vues la taille) vestiges d’un ancien grand lac qui s’étendait sur tous les salars d’Atacama et qui s’est évaporé au fil des ans. La concentration de sel y rend possible de marcher, comme Jésus, sur l’eau par endroit, ou de s’y baigner sans faire d’efforts pour flotter un peu comme à la mer d’Aral. Toutefois pour s’y rendre il faut faire du vélo, et si la marche ou le roller me réussissent, je ne peux pas en dire autant du deux roues, manquant d’expérience et probablement des muscles qu’il faut je ne suis pas autant à l’aise et ai tendance à me crisper et à me fatiguer rapidement.

Sur la route des lagunes, vers le centre du désert le plus aride au monde


On part donc pleine balle sur la route en ligne droite et Ju me distance aisément. Je ne tente pas de le rattraper et préfère y aller à mon rythme en restant sage. Je n’ai pas envie de me fatiguer dès le début, surtout avec le programme qui nous attend. Le bitume laisse de toute façon vite place à une piste de sable mou, cailloux, pas facile. On en chie tous les deux sans se rendre compte qu’on brûle sous le soleil de plomb du désert le plus aride du monde. On fait des poses régulières pour prendre des photos et des vidéos, tandis que l’indice d’UV grimpe sans que l’on s’aperçoive des dégâts.

Laguna de Cejar


On fini par arriver à la laguna Cejar et payons l’entrée de 2000$, chaque attraction touristique de San Pedro de Atacama a un prix d’entrée, et le budget qu’on s’était fixé semble déjà loin. Nous décidons de le doubler en rentrant. Arrivés dans la laguna, nous partons photographier nos premiers flamants roses (un peu gris d’ailleurs), tout en observant la flore environnante qui est étonnamment variée pour une région au sol très salé. Vite lassés des flamants nous partons nous baigner dans l’autre laguna dédiée à cette activité. L’eau est moins chaude qu’on ne l’aurait pensé, et nous nous décidons enfin à mettre de la crème solaire, remarquant qu’on mettra probablement plus de temps que prévu pour s’immerger complètement.

Laguna de Piedra (ou Ojos de Piedra - Yeux de Pierre)


Croyant ne pas trop risquer de bruler, nous prenons notre temps pour avancer dans l’eau. La progression est pénible de toute façon car le sol est tapissé de cristaux de sel gros comme le poing et que nous n’avons pas pris nos tongues. En continuant dans ces bas fonds on finit par trouver une eau profonde dans laquelle il est théoriquement possible de tenir debout. Théoriquement car c’est impossible en pratique, les pieds remontants comme des bouses à la surface sans qu’on leur demande. Il est d’ailleurs amusant d’essayer de lutter contre cette formidable poussée d’Archimède, et reposant de s’affaler comme dans un transat dans l’eau qui s’avère très bonne une fois immergée. Bonne chance pour se noyer là dedans.

D’autres gens finissent par arriver, et d’un accord tacite nous décidons d’être asociaux pour cette fois et partons la tête haute et le corps enduit d’une épaisse pellicule de sel. Après s’être longuement séchés, avoir négligemment brulés, nous enfourchons nos bécanes intelligemment posées à l’ombre afin de revenir en ville. Toutefois cette tache s’avère bien plus difficile que prévu. Du fait de notre manque d’expérience en VTT, nous avons super mal au cul et s’assoir c’est pire que si on avait des hémorroïdes. Le retour sera donc gore.

Portrait de Nico salé

Portrait de Julien salé


En rentrant à SP de Atacama je me prends deux fois la cheville dans la chaine et décide qu’on n’ira pas à la vallée de la Lune en vélo. Ju accepte compréhensif une fois que la loueuse de vélo nous dit que là si on a eu du mal on va probablement mourir en allant à la vallée de la Lune. On trouve donc un tour pour ladite vallée pour l’aprèm qui part à 16h. Durant ce tour nous serons avec tout un groupe de touristes, trop, et visiterons les endroits les plus beaux du coin. Le trajet en vélo aurait d’ailleurs été effectivement compliqué et est à réserver aux sportifs expérimentés. Le col pour y accéder est bien raide, et le vent très fort. Nous acceptons donc sans rechigner de s’amputer de notre liberté pour la fin de la journée. On aura d’autres occasions de s’évader.

Le bus finit par s’arrêter en haut du col pour nous donner un mirador sur toute la vallée ainsi que sur le salar d’Atacama. Le guide nous explique la théorie géologique de la formation de ce paysage : des dunes de sable se sont formées avec l’accumulation de sable. Captain Obvious bonjour. Nous ensuite payé l’entrée de la vallée, avec le sourire s’il vous plait (2000$) puis nous sommes allés dans un canyon superbe formé de schistes de sable et de sel. Du porno pour géologue.

S’ensuivit un petit détour par la supposée vallée de la mort sur laquelle le guide fit plein de blagues, n’y croyant visiblement pas lui-même. En effet, c’était plutôt la vallée du vent et des touristes allemands qui perdent leurs casquettes.Le temps de prendre deux photos et nous étions remontés. Je pense qu’on s’y serait aventurés si nous étions venus en vélo.

Enfin nous arrivons devant une sorte de statue naturelle formée par l’érosion du sol (qui prend tout de suite de l’ampleur). C’est la statue des trois vierges, je sais pas d’où ils sortent qu’elles sont vierges mais bon je suis pas spécialiste dans la sexualité des vieilles pierres. Bref vous l’aurez compris ça ne nous intéressait pas le moins du monde et Ju et moi préférons grimper une dune d’où descendait un fort vent chargé de sable et de petits cailloux pointus à tête chercheuse. Le vent augmentait au fur et à mesure de notre ascension et arrivés en haut il était suffisamment fort pour nous faire tenir à 45° au dessus du sol. Vraiment impressionnant, ça donnait l’impression de voler.

Le bus nous déposa ensuite à un spot apparemment sympa pour observer le coucher de soleil et le guide piqua sa crise en disant qu’il fallait être de retour à 8h20 pétante sinon il partait sans nous. Son imitation du parisien stressé était saisissante, on s’y serait cru. Nous montons donc le coin indiqué, sous le regard du grand volcan dont j’ai oublié le nom qui domine l’horizon accidenté du désert d’Atacama (Licacanbur - 6000m). Ju part en quête des couleurs magnifiques des couchers de soleil de cette latitude que son appareil capture si bien tandis que je mitraille le soleil en testant mes réglages manuels. Nous eûmes donc 20 minutes fatidiques pour prendre des photos avant de retourner dans le bus, la tête dans les nuages devant les superbes couleurs que les couchers de soleil savent donner dans les déserts. Ce tour est superbe et très dense. Ma critique est que le guide ne sert à rien mais à part ça c’est vraiment de belles choses que l’on peut voir dans la vallée de la Lune.

Coucher de soleil sur la Vallée de la Lune


De retour au camping nous bouffons comme des malpropres pour 2000$ ce qui est vraiment bas puis allons déguster nos piscos sour chiliens gratuits. La rivalité Chili-Pérou va jusqu’au pisco dont ils se battent pour l’AOC. Alors mon avis, le pisco est évidemment péruvien, mais le pisco sour chilien est meilleur et de loin contrairement à tout ce que les péruviens pourront proclamer du haut de leur nationalisme. Je m’autorise une tranche de gâteau dans ce même restau car je ne vois que des plats magnifiques autour de moi (restau français d’ailleurs). Après réflexion c’était bien entendu une connerie niveau budget. Nous retournons nous coucher, assez peu dérangés par les incessants aboiements des chiennes du camping.


11/12 :

Nous nous levons à 7h, pressés d’en découdre avec les termes de puritama. Nous arrivons devant le local du tour peu avant l’heure, celui-ci est fermé. Nous attendons ainsi 2h avant de comprendre qu’il n’y aurait pas de tour, un plan à la péruvienne auquel les chiliens ne nous avaient pas habitués.

Nous partons donc à la recherche d’un plan B qui fut un tour à puritama en voiture privée avec retour en vélo pour 15K$ soit 5k de plus que prévu avec une grosse dose de liberté à la fin. Un mal pour un bien. Une fois accepté, nous retournons voir le local du tour original bien décidé à entendre leurs explications. En fait la voiture nous a apparemment attendus devant un camping qui n’était bien entendu pas le notre. Bref on nous avait mal expliqué et on n’avait pas cherché à comprendre, certains que le rendez vous serait devant le local. Bref bref bref. Nous partons donc avec l’autre agence, le chauffeur est français et installé depuis 8 ans à San Pedro de Atacama où il a apparemment rencontré l’amour. Remarque les chiliennes du nord sont bien plus belles qu’à Santiago. Les mêmes yeux et un beau corps : combinaison gagnante. Celui-ci est content de parler en français et nous parlerons longuement de divers sujets mais ça finira sur de la politique et sur sa vision des relations chilio-péruviennes. Donc spoiler : apparemment il va y avoir une guerre en Amérique du sud entre tout le monde où les corporations exploitant les mines tireront les ficelles afin de gagner des sous. Ca me semble un peu dramatisé à l’heure où j’écris ces lignes mais bon si j’ai noté ça…

En arrivant aux termes nous nous frottons les yeux longuement, nous pinçons afin d’être surs de ne pas rêver : entrée = 10k$. Ju et moi se sentons con car nous n’avons même pas cette somme. C'est alors que le garde nous fait un discount de 50% sans négociation (qui sont de toute façon impossibles au Chili) sous les hallucinations du français qui nous aide par la suite de 2K$ « parce que vous êtes sympas ». Nous voila donc près à se prélasser dans une eau à 35° toute la journée tels des larves gisant inertes dans une branche de bois mort. Je ne sais pas d’où sort cette métaphore pourrie et je fais ce que je veux c’est moi qui écrit. La journée s’annonce pas si pourrie au final.

Les Thermes de Puritamas


Les termes sont composés de 8 bassins à travers lesquels passe une rivière naturellement chauffée. Nous en trouvons un vide dans lequel nous nous empressons de s’installer. Nous avons également emportés de la lecture ce qui rend le tout encore plus paradisiaque. (Prononcer DââââÂh avec une voix haut perchée). Le vent fini par se lever en fin d’aprèm comme il le fait tous les jours à cette époque de l’année et d’un coup sortir de l’eau s’avère compliqué. En fait à chaque instant l’air se refroidi un peu plus et nous décidons d’abréger la baignade pour se concentrer sur la lecture dont j’ai du mal à me détacher. Le soleil tape et je prends conscience de l’importance des dégâts causés la veille. Nous sommes donc vite rhabillés et peu après abordés par une famille de chiliens. Ceux-ci vinrent aimablement nous offrir la fin de leur repas car ils n’ont plus assez faim pour terminer. Un gros repas gratuit pour chacun de nous, nous exultons. Entre le français qui nous donne 2K$ et les chiliens qui nous donnent un repas la journée commence à être rentable. Les chiliens sont vraiment très sympa malgré les prix excessifs de leurs services. Nous réalisons que nous devons vraiment ressembler à des clochards, entre ma barbe et nos habits crades l’ensemble doit être misérable et faire de la peine à voir. Nous entamons la route du retour vers 16h, nous avons 30km à faire en vélo, la majeure partie en descente avec le vent dans le dos. Nous fusons à toute vitesse à travers le désert et malgré quelques soucis de déraillement dus à mon inexpérience nous avançons à un bon rythme pour des cyclistes occasionnels.

A vélo, à travers le désert (bis)


Puis arrive la seule et unique montée du parcours vers laquelle nous arrivons à pleine vitesse. Vous sentez le drame arriver et c’est normal, dès le premier virage je me crash contre la montagne comme une daube, celle-ci va bien je vous remercie pour elle. En arrivant en roue libre, j’ai freiné le plus tard possible pour prendre le plus de vitesse que je pouvais dans la montée, en tournant, la roue avant a dérapé sur du sable mou et des graviers et au lieu de tourner je suis allé droit dans le mur. J’ai tout d’abord pensé à mon appareil photo « merde mon appareil », puis à mon bouquin savamment attaché dans le dos « merde mon bouquin » puis forcément je me suis rendu compte que j’étais à terre et que mon coude me faisait presque aussi mal que la partie écorchée de mon coup de soleil sur le mollet « aïe ». Puis ni une ni deux je me relève, enfourche le vélo et tente de rattraper Ju qui est devant et qui ne sait pas encore que je suis tombé comme un Nico. Aussitôt dit, aussitôt fait, je me mets à pédaler…. Le vélo est déraillé, la roue avant est méchamment voilée au point qu’elle ne roule plus du tout. Ju a la trousse à outil fournie avec les vélos et je ne peux rien faire tant qu’il ne revient pas. Je suis seul à 30km de San Pedro de Atacama dans le désert le plus aride du monde, sans autre moyen de transport que mes jambes et le jour commence à se coucher. Ju fini par revenir, me voyant sourire il se met à rire « haha t’es tombé, haha trop drôle » puis, voyant que je lui montrais la roue, il changea subitement de masque et vêtit celui de Ju sérieux opposé à un problème.

Bref moment de doute, moi je suis mort de rire en voyant l’état de la roue, ma réaction naturelle face à un problème problématique. Ca aurait pu être pire, j’aurai pu sérieusement me blesser. Ju a l’idée de démonter les freins de la roue avant pour enlever les frottements. Cela suffit et je repartais donc au volant d’une roue qui faisait la hola. Ju avait repéré une route tout terrain qui fut donc élue pour tester la fiabilité d’une roue voilée sur un sol friable et rocailleux : en tout cas c’est pas une amélioration sur la version classique d’une roue. Ce sentier c’était un peu Prelles, mais en vélo et moins raide et moins long. Ce fut finalement la seule difficulté qui s’ensuivit et le retour se passa sans évènements particuliers et la roue ne me gêna pas outre mesure. J’ai eu un peu peur de devoir payer les dégâts mais c’était inclus dans l’assurance apparemment. Tant mieux.

On arrive assez tôt pour se préparer pour le lendemain, manger tranquillement et tout (tout qui se résume ici à dormir). Je me rends bien entendu compte que j’ai fais de la merde avec mon budget et décide donc de bouffer 2 carottes pour 200$ ainsi qu’une des oranges du repas gratuit offert par les chiliens (l’autre s’étant échappée quelque part sur la route du retour). Excité à l’idée d’aller en Bolivie alors que ça ne faisait plus partie de nos plans depuis le mois d’octobre, j’ai du mal à trouver le sommeil.




Nico

1 commentaire:

  1. "Jen a disparu, son vol est déjà parti." Ah ah ah si seulement! Mon vol partait après les vôtres. J'étais en fait coincée à la douane et menacée par la terrible bonne femme qui m'a extorquée S./120 parce que j'avais "falsifié un visa" et que "personne ne m'avait demandé de venir au Pérou".

    Sinon, cool le blog, je l'avais jamais vu! J'aime ta façon de raconter les histoires.

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