vendredi 4 juin 2010

18 décembre : Patagonie

El Calafate Patagonie Argentina

les photos d'Argentine:
https://picasaweb.google.com/julien.breton2/ArgentinaSantaCruzMonteLeonUshuaia#

NB : je rappelle que ce texte correspond aux notes prises à chaud le jour j et retranscrites telles quelles par soucis d'authenticité.

16/12 :

Le voyage en Bolivie et au Chili se termine et nous traçons vers le bus pour Calama avec Julien, abandonnant de ce fait Gérôme que nous ne reverrons plus par la suite. Ju aurait du le revoir à Santiago mais un plan foireux en Amérique latine est un plan très foireux.

C’est parti pour une journée entière de voyage. Nous arrivons à Calama après avoir eu la chance de visionner un très mauvais nanar (le nanar même pas drôle). Ça parlait d’une gargouille dans paris et d’un prêtre fanatique héroïque et de gens random qui meurent sans raison, enfin si : à cause de la gargouille.

Arrivant à Calama on a de l’avance pour notre bus, on va donc se poser dans un parc, Ju lit un bouquin et moi je vais discuter avec des chiliens pour mettre au clair cette histoire de tension avec les péruviens (bon ok pour les troller). Je tombe sur 2 nanas par le plus grand des hasards et aussi parce que je les avais repéré de loin, et je me dirige vers elles pour discuter vite fait. Donc on parle de tout et de rien : ah t’es ici depuis longtemps ? aaah ok hihihi, et pis c'est cool quoi. Et là un quidam se ramène et veut me vendre une sculpture en cuivre dégueulasse pensant que j’allais pas faire le radin devant les chiliennes callipyges. Le pauvre homme s’était malheureusement fourvoyé et je refusais poliment sa bricole à la con et retournait peu après vers Ju qui s’apprêtait à finir son bouquin, ayant moi même achevé ma conversation.

Après avoir remarqué une étonnante concentration de métalleux dans le secteur, ainsi que les prix prohibitifs de tous les services proposés, nous nous sommes dirigés vers un cyber pour alléger nos cartes mémoires de leur lourd fardeau d'octets. Ju ne trouvant pas son mini USB fut obligé d’aller en acheter un, tandis que j’uploadais mes photos. La tenante a été sympa et nous a pas compté la demi-heure de dépassement bizarrement. On s’en est sorti avec 300 pesos.

En route vers Santiago nous avons forcément pas super kiffé. Le steward avait en effet décidé, comme à l’allez, de puer la merde et de ne pas nous laisser tranquille (ouvrant et fermant régulièrement nos rideaux). Un bon gros zèle chilien. On a donc pu, à la place de dormir, se taper de magnifiques monuments cinématographiques tels que dragonball evolution ou encore Star trek (et encore celui là ça va) tout en mangeant les pains rassis que nous avions fourrés dans nos poches en quittant la Bolivie. C'était mauvais, mais on n'avait rien d'autre à manger alors... De multiples pauses plus tard nous étions presque arrivés après plus de 20 heures de route et un contrôle de la douane (avec des chiens dans les couloirs qui viennent te renifler un peu partout pour voir s'il n'y a pas de la coke dedans ton corps).

En arrivant, j’étais comme prévu super just pour choper mon avion et j’ai sauté dans le premier bus pour l’aéroport laissant Ju à Santiago les bras ballants et la bouche ouverte. Nous nous étions donnés rendez vous à el Calafate, notre prochaine destination. J’arrivais un jour plus tôt que Ju somehow. Cette nuit là je dormirai en Argentine, à l’aéroport de Buenos-Aires, à même le sol, à la merci des femmes de ménage les plus féroces de l’hémisphère sud.

De son côté Ju s'est pris un MacDo (un burger chilien, sauce avocat) parce que le pain rassis pendant 48h s'est naze, et est ensuite allé dans un café internet tout miteux dans lequel il a trouvé 500 pesos qui lui ont payé l'heure. Après, il a voulu acheter un réchaud pour l'Argentine, parce qu'on en aurait besoin pendant les campements, mais les vendeurs ne savaient pas utiliser la machine. Ils cherchèrent donc un long instant la machine, puis le mode d'emploi, qu'ils ne comprirent pas non plus. Ju s'empara donc de la machine pour faire l'opération à leur place, mais sa carte bleue fut refusée. Il ressortit donc chercher un distributeur. Le premier qu'il croisa refusa sa carte bleue aussi. Il paniqua, un peu. Le deuxième qu'il croisa refusa aussi sa carte bleue. Il paniqua, un peu plus. Ce n'est au troisième que le miracle se fit et qu'il pu enfin retirer l'argent nécessaire. Il revint donc à la boutique, acheta le brûleur, et retourna dans le cyber café où il updata son statut facebook comme il se doit, avec l'argent qui lui restait des 500 pesos (c'est aussi là qu'il se rendit compte que le plan avec Gérôme était foireux, et qu'il passerait donc la nuit à l'aéroport, sur une banquette en cuir dans la partie Business de l'aéroport, au calme et au chaud, après avoir fait une lessive et pris une douche dans l'évier des toilettes).

17/12 :

Je me réveille largement en avance, il s’agit pas de refaire comme à Madrid où je m’étais réveillé 5 min avant la fin des enregistrements.

Je fais la super longue queue de la mort, tout le monde a décidé d’aller à el Calafate ou c’est juste moi qui déteste être debout au milieu d’une foule de stressés de la vie, surtout que ça me stresse après et que ça fait de moi un membre de la renommée communauté des gens stressés de la vie.

L’avion fait une escale au milieu de la pampa où la moitié de l’avion descend, ceci explique cela. Le paysage est d’ailleurs extraordinaire, du rien à perte de vue à 360° à la ronde. Incroyable de voir une étendue qui semble infinie comme ça! Bref je suis pas descendu j’avais pas le droit donc fin de l’anecdote. L’avion repart et on arrive à l’heure prévue à l’aéroport d’el Calafate (11h). Je prend le minibus le moins cher pour aller aussi vite que possible en ville et préparer le terrain pour qu’on commence à faire des trucs avec ju et les nanas (sonia et lola et celles qui les accompagnent) dès qu’elles arrivent.

Le ronronnant camping champêtre dans lequel nous avons installé Paloma la douce.


La ville est superbe, je m’attendais pas du tout à trouver ce type d’architecture sous cette latitude ! Ça ressemble à l’architecture des villes des rocheuses canadiennes (style Banff) avec des grands conifères qui s’élèvent au dessus des maisons et des trottoirs pavés comme aux Etats Unis. Vraiment pas le style auquel on s’était habitué et franchement c’est beau. En marchant dans la ville je ressens la même chose qu’à Cusco, cité cosmopolite où on va avoir l’occasion de rencontrer des gens qui déchirent.

J’entame assez rapidement ma quête de tours/resto/logement/plans sympa de la ville. Celle-ci est construite autour de la rue principale dont le nom m’échappe. On y trouve tous les restos et hôtels qu’on veut pour peu qu’on veuille y mettre le prix. La ville est en effet très touristique et le niveau de vie y est haut. Ju et moi seront en deçà du seuil de pauvreté et allons souffrir niveau budget. C’est ça qui est bon, en mode survie dans l’endroit le plus civilisé visité depuis longtemps ! Sur cette première journée Je ne rencontrerai aucun étudiant, juste des salariés bien vissés dans leur carrière pro. Flippant.

Ce midi là je mangerai un sandwich pour 32$ (pesos) assez décevant pour son prix, j’avais encore faim et c’était moins bon qu’un macdo (et qu’on soit bien clair macdo c’est pas bon). Je choisi de me poser au camping parce que marre de trimballer mes affaires dans toute la ville et aussi parce que c’est le coin le moins cher pour se loger. Je fais un saut sur internet, puis je prends un taxi pour l’aéroport sinon on se retrouvera jamais avec ju. Les prix sont élevés, notamment pour la nourriture, mon talon d’achille. Mais j’annonce d’avance qu’on se fera quand même au moins un steak house à volonté pour 50$ et un barbeuc. Au moment où ju arrive je sais toujours pas ce qu’on fait demain. J’aimerai bien faire Perito Moreno en bus et aller à el Chalten. Le Chili parait superbe, mais c’est hors de prix !


19h30 : l’avion de ju à 30 min de retard, je suis fatigué, j’ai faim et j’en ai marre des retards dans ce continent. Je réalise de plus en plus à quel point je pue (au sens propre, je me suis pas lavé depuis un bail). Je crois que c’est pire que ce que je pensais, heureusement j’ai repéré un lavomatique au cas où.

Bon en fait l’avion de ju n’est pas en retard…. WTF booster FTW ! Je craque en fait j’atteins ma limite niveau manque de sommeil. Dur. (20h00). Ju arrive et on rentre via vez patagonia (le minibus que j’avais pris). Tandis qu’il admire le paysage, je fais les comptes. 50$ allez retour pour aller chercher Ju ça fait cher, les filles se demerderont sans nous, au moins elles sont déjà en groupe. Le soir j’avais envie de bouffer un barbeuc argentin. On va donc à la boucherie du supermarché et commandons 1kg de sa meilleure viande pour 40$, plus la sauce spéciale argentine : le chimichuri (sorte d’huile pour pizza qui baigne dans des herbes de provence, c’est super bon). Ju réticent me signale que c’est la dernière fois que je décide d’un prix : choix très judicieux pour la bouffe. Je n’ai toujours pas de plan fixé pour le lendemain à par faire le perito moreno ou se casser à el Chalten cash. Ju préfère qu’on continue à chercher quand je lui indique qu’il y a de multiples rent a car dispos en ville ce qui lui donne l’idée d’un road trip. Bien que satisfaits de mon taf de cherche, nous devrons creuser les options possibles le lendemain.

La viande est bonne mais ce n’est pas la meilleure que j’ai jamais mangé ever contrairement à ce qu’on m’avait promis. 500g chacun s’avérera un peu just donc bon ça devait pas être si mal quand même. Une braise ira se loger dans ma veste pour y creuser un trou fantastique, accentuant encore plus mon look de vagabond. Ce soir là on dormira comme des masses dans Paloma, notre fidèle tente, sans oublier de se doucher, important ça.

18/12 :

On se lève avec le soleil et partons à la recherche d’un plan. On fini par se décider : demain perito moreno, puis road trip, puis el Chalten avec les filles. Ou alors si elles ont un truc de prévu, perito moreno, puis el Chalten, puis on avise. On fini l’aprèm’ en marchant sur le lac argentino en marée basse pour finir crevés à avancer face au vent et enfin faire du stop comme des loques juste à côté d’un dos d’âne (où les gens sont obligés de ralentir).

Cette technique, bien que très amusante, reste sans succès, probablement du au fait que j’ai une barbe mal entretenue de clochard qui ne donne pas confiance. A un moment on se fait pick up par un mec qui se rendait au glacier en bus pour récupérer des gens. Il nous prend gratos et nous dépose 100m plus loin, parce qu’en fait on s’est rendu compte qu’on voulait pas partir de la ville à cette heure là. Je vous raconte pas la tête du mec, mais je peux vous dire que ju et moi se sentions vraiment nazes (et un peu troll aussi). Nous prenons de l’altitude sur une sorte de colline pour voir le lac en entier mais le vent nous tue et on se dit que c’est ptet mieux de rentrer maintenant. Faisant une pause bien méritée sur un trottoir après au moins 1km de dure marche (olol ironie), Ju décide de faire une petite sieste. N’ayant aucune envie de le regarder dormir je décidais alors d’aller photographier des piafs dont j’ignore le nom. La légende veut que ju se réveilla au milieu d’un attroupement de gens s’inquiétants pour sa santé (vu son piteux état vestimentaire c’était compréhensible). En effet, le bougre faisait jésus sur le trottoir. En rentrant nous décidons donc d’attendre les filles à qui j’avais envoyé sur facebook où l’on se trouve (faute de mieux) pour ensuite aller réserver el Chalten + voiture. Celle-ci arrivèrent assez tard pour que toutes les agences concernées soient fermées et nous annoncèrent qu’elles ont déjà tout prévu donc super on a perdu notre temps pour rien. Je ne cacherai pas que j’ai ragé inside quand même. Communication pourrie is not your friend.

Le lac glaciaire à proximité d'El Calafate


La sœur de sonia est une commerciale à gameloft à Buenos Aeres donc elle connait bien l’Argentine, ah oui et elle est assez mère poule et autoritaire et veut tout contrôler. Alors les filles, c’est mal. Ça nous fait le même effet que ce que vous ressentez quand on fait des concours de rots en reluquant des culs. Je traduis : do not want. Sa copine est auditrice chez Ernst & Young et aime la bouffe mais avec des goûts douteux et contre lesquels je décide de m’offusquer (par exemple : vin blanc + fromage. J’apprendrai plus tard qu’en fait c’est comme ça que ça devrait se consommer donc ben mea culpa et tout). Bref au moment où j’écris ça je rage à fond parce que je suis crevé et QUE C’EST LES VACANCES BORDEL. Elles veulent aller boire une bière en nous invitant et quand on fini lesdites bières le supermarché est fermé donc le barbeuc hamburger qu’on voulait faire était mort. Je suis vener. Elles décident de nous inviter à manger à un resto cher. Clairement ça nous fait chier avec ju, on n’a pas l’habitude ni l’envie de se faire inviter, ça nous fait clairement chier. On rechigne à commander je prends le truc le moins cher et m’y tiens après l’étonnement du serveur (velouté de citrouille quand même). Elles prennent des morceaux de viande que nous finiront comme des charognards type chacal. Enfin bref. Nous allons nous coucher, je suis frustré d’avoir perdu 2 jours mais bon c’est notre faute aussi.

19/12 :

Perito moreno, 2 françaises dans le bus sucent leur pouce en nous briefant sur l’argentine. Arrivés là bas on va le plus vite possible vers le glacier pour éviter la marée de touristes. Le perito moreno rugit et grince constamment, de temps en temps un morceau de glace s’en échappe et vient s’écraser 30 mètres plus bas dans un grand fracas qui résonne dans la baie où l’on peut apercevoir le ferry qui s’approche du front et qui donne l’échelle du ce géant de glace aux dimensions démesurées. C’est tellement beau… tellement, tellement beau.

Le Perito Moreno

Les reflets bleus du front du glacier se mêlent à son épiderme usé et grisâtre qui laisse voir les craquelures causées par les forces titanesques qui le meuvent. Le glacier parait presque vivant. On est limite frustrés de ne pas marcher dessus, de pas le voir de plus près, mais bon ce n’est que partie remise, il va pas s’envoler le glacier farceur. Nous décidons de partir plus tôt que prévu, et le garde truc machin du glacier nous dit qu’il n’y a pas de bus. Coup de bol on rencontre des saints franciscains de San Francisco qui nous prennent en stop. Des ex hippies visiblement, très sympas et visiblement complètement à l’ouest. Heureux les simples d’esprit ("Styrofoam is evil!" = Le polystyrène c'est le mal! nous diront-ils dans la voiture).

On enchaine sur rent a car pour faire le trip à deux, puis bus pour el Chalten direct. On se tape transporteur 3 et un autre film sur le mariage ou je ne sais quoi en décalage de 5 minutes audio / vidéo. Putain si vous piratez des films faites le bien merde ! Nous entreprenons de doubler ce dernier avec Ju ce qui fait sourire les deux filles devant nous, françaises ayant passé 6 mois à Buenos Aeres (youpi des étudiantes !) et avec qui nous discuterons le reste du trajet parce que c’est quand même vachement plus intéressant que de doubler un film pourri. Elles sont super sympas, jolies et intelligentes (donc ben c’est cool). Intéressées par ce qu’on leur raconte, elles y ajoutent des critiques et anecdotes personnelles pertinentes (et c’est vraiment mieux que « ah ouais c’est super !! »). Une rencontre superbe, certainement la meilleure depuis Charly à Cusco. C’est pas peu dire. En arrivant à el Chalten on repère un resto pizza à volonté à 25$ -5€- (soit 2 fois moins cher que le moins cher des restos à el Calafate) donc on jubile et les filles ne manquent pas de nous demander si on peut les revoir, donc on se donne rendez vous le lendemain 8h du soir devant le terminal de bus. Je mange comme un ouf, pizza sèche pas terrible mais ça nourri et on a des grosses randos de prévues le lendemain. On trouve un camping à 20$ la nuit, c’est cher mais bon hein on fait comme on peut. On y dort comme des loirs, très satisfaits de la journée (première vraie bonne journée en Argentine, avec le gros plus des filles du bus, le genre de rencontre qui n’arrive qu’en voyage).

20/12 :

On se lève tôt et allons au centre d’info qui est fermé car on est dimanche. On prend donc en photo le plan du domaine par la vitrine et nous dirigeons vers le Fitz Roy. Je crois vraiment être au Canada c’est fou, même climat, même arbres !! Le chemin est agréable, il fait beau, et nous avançons vite. Départ à 9h15 pour arriver au premier mirador pile au temps indiqué malgré notre rythme soutenu (nous étions au top de notre forme ce jour là).

Point de vue sur la vallée. Éblouissant.

Ça sera la seule fois qu’on ira si lentement bizarrement, certainement un souci d’orgueil. Les paysages sont magnifiques, et le Fitz Roy domine le tout majestueusement du haut de ses 3400m (nous partons de 600m). Le sentier de terre laisse peu à peu place à une rivière où nous ferons le plein d’eau potable tandis qu’une espèce de danois rebelle s’échine futilement à nous doubler. Rien à foutre tu m’entends ? Rien à foutre. Nous continuons la route et arrivons à un croisement, nous nous dirigeons vers les piedras blancas (pierre blanches) qui est un glacier ressemblant à la coupe d’un torrent en crue, canalisé dans un goulet et figé dans la roche. Un cours d’eau qui aurait brutalement gelé, c’est magnifique. Nous nous rapprochons et finissons par comprendre son nom de baptême. La morène est composée en grande partie de gigantesques rochers blanchâtres que nous escaladons parce que c’est plus drôle comme ça.

Le Mont Fitz Roy


Au loin des tornades se forment sur le flan de la morène et des morceaux de glace glissent dans le lac d’un bleu laiteux propre à ceux de son espèce. Par moments une risée soulève des embruns par litres et les envoie tournoyer dans les airs dans une sorte de ballet d’aérien qui aurait sa place au Bourget. L’eau fait des vagues devant la force du vent qui se concentre dans la crique, et celui-ci nous empêche d’allumer le feu nous permettant de savourer la soupe lyophilisée supposément salvatrice. Cette soupe était horrible je ne vous le cacherais pas. Nous repartons rapidement, clairement vaincus par les éléments et toujours plus que motivés pour continuer notre route vers le sommet.

La montée du fitz roy est difficile, surtout pour Ju qui porte alors le sac. Quand nous arrivons en haut le spectacle est à couper le souffle. Si je devais faire un top 10 des plus beaux paysages vus en Amérique latine ça donnerait ça : Macchu picchu, Salars de Uyuni, Perito Moreno, Laguna Colorada, Fitz Roy, Volcan Chachani, Cusco, Huacachina, Marcahuasi, et Arequipa.

Au pied du Fitz Roy, la laguna de los tres, quasiment gelée, il fait froid et on peut y distinguer des icebergs qui s’y prélassent lascivement comme des gros phoques. Ju et moi montons dessus sans vérifier la solidité au préalable, sinon c’est pas drôle.

"C'est du solide! J'en connais un rayon question Icebergs."

Dans cet élan de témérité, auquel on tient à ne pas d’habituer, parce qu’on murit et tout, les touristes nous regardent et nous prennent en photo. Non messieurs nous ne faisons pas partie de l’attraction. Les filles qui suçaient leur pouce nous avaient parlé d’un passage à gauche vers une lagune assez stylée où l’on fera d’autres photos sympas. La laguna sucia (lac sale) est juste superbe j’en reviens pas. Inaccessible par cette route mais bon whatever. Ju fait des pompes sans les mains parce que ça lui plait. C’est en train de devenir sa signature move. On redescend pleine balle et arrivons à 6h en bas soit 8h de randos grossomodo. On se renseigne pour le plan du lendemain et finissons par trouver une solution assez hardcore mais réalisable par beau temps : laguna torre => partir le matin puis retour à el Chalten 11h-12h puis moitié de l’allée de laguna torro où l’on camperait à l’arrache dans un endroit sauvage pour finir cette rando le lendemain matin et revenir rapidement pour prendre le bus. Planning serré qui sauterait au moindre souci donc. Blindé, crevant et très demandant, comme on les aime.

L’heure h approche, nous nous rendons au point de rendez vous en se rappelant qu’on a oublié de préciser 8h du soir heure française (c’est-à-dire à l’heure). Et on attend.

Au bout de quelques minutes, on aperçoit une des filles disant que sa copine arrive dans pas longtemps ce qui fut le cas. Perso un plan foireux comme ça qui se goupille c’est comme noël avant l’heure pour moi. Ju et moi étions sur le cul. Nous sommes visiblement heureux de nous revoir et avouons avoir déterminés à l’avance une attente max de 30 minutes contre leurs 15 minutes qu’elles nous auraient gracieusement accordées. Il n’y a pas qu’au Pérou que les gens sont systématiquement en retard apparemment.

On les emmène manger des pates en justifiant ce choix par le programme hardcore qui nous attendait le lendemain. On finit enfin par se présenter, faut dire qu’on ne connaissait pas leurs noms avant d’arriver au resto, très fort. (salut aude et amandine au passage, la forme ?). On va au resto et elles nous montrent les mêmes réflexes économes (que j’ai perdu depuis) que nous utilisions au Pérou. Je jubile. Au resto elles prennent un steak !! Et alors là après 5 mois passé à rencontrer des végétariennes c’est un alléluia. Ju et moi se regardons décidemment charmés, et discutons chacun avec une fille. Des opinions, des expériences passées, de tout de rien. Bref je suis trop heureux d’avoir rencontré des gens bien et ju aussi. Ça c’est vraiment une des grande forces des voyages pas préparés. Je vais même jusqu’à dire que j’ai envie de les revoir. On va se coucher et nous endormons aussitôt pour se lever à 5h le lendemain matin. Lola et sonia étaient passées entre temps et nous avaient laissé un mot.

21/12 :

Levé à 5h00, départ à 6h.

Nous arrivons à 8h au lac où l'on était sensé voir El Torre (La Tour), mais on ne voyait rien à cause du brouillard, et revenons sous la pluie au campement à 10h30. Cette pluie nous empêche de progresser à un rythme suffisamment élevé, surtout en prenant en compte le poids des sacs et la boue sur laquelle il faudra s’équilibrer. Nous annulons donc la suite du parcours afin de ne pas trop fatiguer julien pour le road trip. On est déçu, mais avec du recul c’était le choix le plus judicieux. Relou qu’on ait fait nos kékés la veille mais ça arrive hein ! La pluie redoublant de violence, nous mettons la bâche de piscine sur paloma afin de la protéger. Le tout sous l’œil amusé d’un anglais sexagénaire bien à l’abri sous sa tente qui s’amuse à faire la traversée de la Patagonie à vélo. Je veux être comme lui plus tard. (enfin pas anglais faut pas déconner !)

Le poêle salvateur du camping. Bienvenue en été.


On va se réchauffer au poêle du camping et acceptons l’invitation des filles (Lola et Sonia) pour aller diner chez elles le soir. Au menu : lasagnes, on doit aller chercher le vin. Direction la cave du sommelier d’el Chalten où je converserai longuement avec l’intéressé qui, ravi de parler avec quelqu’un qui sait de quoi il parle, nous fera une réduction sur nos conso et la bouteille de merlot un peu jeune qu’on lui achètera.


Le soir nous retrouverons les filles qui auront fait le fitz roy sous la neige : mes respects ça devait pas être évident.

22/12 :

Nous nous levons à l’aube sous le porche du camping sous lequel nous avions mis notre tente pour se protéger des trombes d’eau et du vent qui agressaient paloma. Nous partons tôt le matin sur les indications des filles qui nous ont parlé d’une cascade pas loin de el Chalten. Il pleut et nous sommes plutôt contents de voir qu’elle est très proche du village. On a beau aimer en chier, c’est vraiment pas agréable de marcher sous la pluie avec un poncho. La route est boueuse mais le paysage de vallée est toujours aussi impressionnant. Nous arrivons à la cascade en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire (d’un autre côté ça fait 1 an que je réécris ce journal donc c’est pas un super indicatif). C’est une cascade de 20 mètres de haut environ, large de quelque chose comme 4-5 mètres qui émerge d’une gorge venant de la montagne. Je ne peux m’empêcher de penser au seigneur des anneaux et pouf nous voila en nouvelle Zélande, c’est sympa la téléportation.

La Cascade del Chorillo (il me semble, en tout cas c'est pas Chorizo).


Ni une ni deux, nous décidons à trois de franchir la rivière qui nous sépare de la cascade, en équilibre sur un tronc glissant –mais pas suffisamment-, afin d’aller nous cacher derrière la chute d’eau et de prendre une douche façon Ushuaia (qui n’a pas du tout le climat de la pub, mais alors pas du tout… pensez Alaska). Donc oui il faisait frisquet mine de rien.

Une fois que nous eûmes finit de faire les cons derrière la cascade et de manquer -pour le plus grand bonheur de julien- de tomber à maintes reprises dans l’eau, nous décidâmes (le passé simple c’est moche) d’aller explorer un peu les alentours. C’était sauvage comme il faut donc forcément ça nous donnait envie, en plus remonter le torrent le long de la gorge semblait carrément praticable. Nous avons donc empruntés un sentier qui était en fait -je pense- une gouttière naturelle plutôt que des traces humaines mais bref ce détail n’a aucune importance. En suivant ce sentier donc nous sommes arrivés en haut du gouffre et au sommet de la cascade, juste à l’endroit où elle se jette dans le vide dans une belle mélopée –je fais de la poésie niveau CE2 si je veux-. Bon apparemment depuis mes tentatives désespérées de décrire un paysage en Bolivie j’ai toujours pas compris comment on s’y prend. En gros, il y a un gouffre, en bas du gouffre il y a le torrent, qui fuse vers le bas à cause de la gravité. D’un côté du gouffre il y a nous, le sentier, plein de cailloux, de l’autre il y a certainement des sentiers mais comme c’est loin on peut pas les voir et il y a une forêt avec des rivières ou des ruisseaux, peu importe, qui viennent se jeter dans la rivière principale.

Alors, si on regarde derrière nous on voit les grands lacs patagoniens dont le nom –encore une fois- m’échappe et puis ben toute la vallée cachée à moitié dans la brume ou la bruine ou les deux probablement. Et en fait c’est joli. De l’autre côté, vers la source du torrent, les gorges dessinent des méandres tortueux à travers la montagne et révèlent deux autre cascades qui forcément en jettent un max, et pas que de l’eau –je suis bon joueur je n’efface pas ce jeu de mot pourri-. Voila en gros le –un temps- paysage.

Au bout d’un moment, on se rend compte qu’on est suffisamment éloignés de la population et notre imagination étant ce qu’elle est on se dit : tiens ça serait marrant de tomber nez à nez avec un puma. Mais en fait c’était pas très drôle, heureusement on s’est vite rappelé que les pumas chassent la nuit et dorment le jour comme des loques et je sais pas si vous avez déjà essayé de chasser vos steaks la tête dans le cul mais vous finissez souvent avec de l’emmental plein le caddie (aujourd’hui encore, je ne comprends pas cette métaphore). Bref arrivés à la deuxième cascade, on prend 3 photos et on se dirige tranquillou vers le campement et surtout le poêle promis qui nous révèlera que faire sécher ses chaussettes sur la cheminée c’est pas super sympa pour les allemands à côté qui prennent leur déjeuner. Malgré tout, j’ai noté que la femme poussait régulièrement des grognements de satisfaction (essayez d’en pousser un vous allez voir c’est très drôle). Nous remangeons de la soupe ainsi que des restes de pate de lasagne d’hier.

Les lasagnes mal cuites. Horreur et dégouté.

Il va sans dire que j’ai mal au bide toute l’après midi. Celui-ci réclame de la vraie nourriture saine équilibrée et si possible avec plein de crème de fromage. J’ai essayé de lui expliquer calmement en lui promettant de prendre en compte ses considérations dans le prochain hémicycle mais il s’est quand même mis en grève en gargouillant avec ferveur. Mon estomac est syndiqué.

L’après midi nous irons prendre le thé avec les filles qui nous refilerons leurs poulet milanais moisi le soir, pensant nous rendre service, et aussi parce qu’on faisait de la peine à voir. Comme on était radins on a bien sur accepté pensant ainsi économiser un repas. En rentrant, mes tongs se casseront et je les réparerai avec un bout de bois et un fil de fer. C’est moche mais ça marche et même mieux que ce que je pensais. Comme quoi tout arrive.

Tadadada.

Le soir nous disons au revoir aux filles et allons tranquillement nous coucher n’ayant rien de prévu le lendemain (enfin aller voir un mirador de condor si on a le temps).

23/12 :

Levé tranquille après une nuit reposante et nous observons l’étonnante efficacité de la bâche de piscine censée nous isoler de la pluie. Nous avions pris soin la veille de glisser une latte en bois entre la bâche et la tente afin d’éviter l’accumulation de condensation mais ça n’a par contre pas super bien marché et nos sac de couchage étaient trempés. On s’était levé tard et le temps de faire nos affaires, prendre notre douche et bouffer un coup et allions être short pour aller au mirador. On a quand même tenté hein, mais bon on a vite rebroussé chemin pour choper le bus et oh surprise les filles étaient dedans. Bon c’était un peu awkward vu qu’on s’était déjà dit adieu la veille pensant ne plus se revoir avant le mois d’août 2010. Mais bon hein youpi quoi.

En arrivant à el Calafate nous courrons vers le loueur de bagnoles pour enfin chevaucher une GOL (variante mini de GOLF) rouge vif pas vraiment tout terrain et direction la pampa. On prend deux autostoppeurs francophones en court de route qui reviennent d’un séjour dans une estancia (notre quête de ces derniers jours est de passer un moment dans une estancia, c’est un ranch quoi). Ils nous montrent comment les repérer de la route, c’est les seuls endroits où l’on voit des arbres.

Sur la route 9, en GOL.


On drop nos fermiers à la route 40 (la panamericana qui va du nord au sud de l’amérique latine) et entamons la vraie route pourrie de cailloux qui glisse au milieu de la pampa très déconseillée aux véhicules pas tout terrain comme le notre. Mis à part des glissements ponctuels on s’en sort bien. La route est superbe, et le sentiment de liberté est grisant.

On pourrait penser que la pampa est morne, tout plat, avec des buissons par ci par là, et on ne pourrait pas se tromper plus. Cette vaste étendue permet à la lumière de jouer avec les moindres variations de hauteur, avec les collines au loin ou les vallées encore plus loin. Quasiment toutes les couleurs sont observables, entre le bleu-violet des nuages, le vert-bleu du sol à l’ombre, le vert-orange-jaune du sol au soleil, le pourpre de la terre, le rose du coucher de soleil et le blanc immaculé des nuages d’altitude. C’est extraordinaire. Le coucher de soleil auquel on a eu le droit est un des plus beau que j’ai eu l’occasion d’observer, la lumière sur la fin allant parfaitement avec la robe de la voiture. Nous étions en train de poursuivre un orage aux nuages indigo avec le vent dans le dos, ce qui ne doit pas arriver souvent ici ou ailleurs. Beau ciel au dessus de nous, nuages menaçant au loin. Et vous vous doutez bien si vous n’avez pas tout lu en diagonale que ma description atteste mal du véritable visuel. Donc ouais les photos sont toujours au même endroit.

La pampa.


A noter si vous y allez, ne vous laissez pas distraire par le paysage, les guanacos normalement si paisible attendent le dernier moment pour traverser lorsque vous arrivez pleine balle. Décrivons la situation. Les guanacos –famille des camélidés- broutent tranquillement d’un côté ou de l’autre de la route, mais pas sur la route vu qu’il n’y a rien à rien à bouffer. Rien dans leur emploi du temps ne leur dit de traverser expressément la route à un temps t, je le sais je l’ai lu sur wikipédia. Donc les guanacos sont là relax, et soudain ils entendent un bruit de moteur, puis remarquent le nuage de fumée à l’horizon qui approche bien plus vite que jean-robert, le plus rapide des guanacos. Mais ils ont le temps, le nuage est encore à 200… 100… 50m : « OH MAAARDE JE NE POURRAIS PLUS JAMAIS TRAVERSER LA ROUTE EVER!! JE DOIS REJOINDRE LES MIENS ! » se dit alors le plus brave des guanacos alors que la voiture continue d’approcher mais ça s’est passé super vite dans sa tête donc elle est toujours à 50m. Notre guanaco héroïque tente dans un élan désespéré de courage de traverser la route au dernier moment, suivi par tous les guanacos de panurge tandis que ju au volant se demande pourquoi ils attendent le dernier moment pour traverser ses sales trolls de la pampa !! è_é

Même tarif pour les moutons d’ailleurs, l’instinct animal c’est pu ce que c’était.

La faune est riche, on croisera des autruches (enfin leur équivalent latin, je crois que c’est des nandous ou un truc comme ça), des lapins ou lièvres, un putois, des renards, bref tout plein de choses. Le seul truc intéressant qu’on n’ai pas vu c’est un armadillo, le tank playmobil de la pampa.


Enfin nous apercevons une estancia publique (s’étant fait refouler d’une estancia privée avec en prime des regards inquisiteurs des proprios qui se demandaient qu’est ce qu’on foutait là avec une GOL), en plus y a un drapeau français : vive le Roy ! On va voir la réception et on apprend que le français en question n’est pas là, normal la veille de la veille de noël. On lui demande s’ils ont des chambres et oui ils ont des chambres libres (comment je tue le suspense). Quand on entre dans l’estancia on comprend qu’on s’en sortira pas à bas prix. Décors luxueux, tableaux et tout. Se donnant un budget de 50$ (pesos) pour la nuit, on lui demande combien couterai un repas, et elle nous dit 20. On se dit : 20 pesos ça va c’est pas cher, sauf que c’était 20 dollars américain et là ça explose à lui tout seul notre budget. On lui dit combien on est prêt à payer, elle rit gentiment, attendrit par tant de candeur je suppose, et nous raccompagne vers la sortie parce que faut pas déconner quand même. Il est alors 23h et des poussières et on dirait bien qu’on va dormir dans la voiture, en prenant soin de mettre nos chaussures dehors pour ne pas mourir asphyxiés. Avant de dormir nous engloutissons tant bien que mal le poulet milanais moisi, mon estomac toujours en grève me le fera payer au quintuple.

24/12 :

Levé à 5h du mat direction le parc de monte leon sur la côté atlantique de l’argentine, nous comptons voir les animaux à l’aube. Forcément j’oublie mes chaussures dans la pampa donc il a fallut retourner les chercher. L’estancia d’accueil (pour pouvoir entrer dans le parc et s’enregistrer) est fermée et ouvre à 9h. On prend un ptit déj dans les toilettes publiques de l’estancia vers 6h et mon estomac est toujours pas content du coup j’arrive pas à avaler un morceau. Nous sommes bien la veille de noël, j’ai une pensée pour le chapon qui attend mes frères à la maison en France, et c’est dur. Nous allons ensuite dormir jusqu’à 9h sur le parking de l’estancia où nous serons réveillés par les gardes hilares, à cause de nos sales têtes.

Sur la route du parc, seuls face au macadam, on a vu sur le bas côté un lapin pas du tout camouflé dans une herbe d'une couleur différente de sa robe, qui fit mine de s'accroupir pour ne pas qu'on le voit. Sans succès. Ça nous a fait beaucoup rire. Fallait être là.

On entre ensuite dans le parc et observons guanacos, pingouins et cormorans avant d’aller prendre une pause submarino dans une baraque à l’abri du vent.

Les Pingouins se prélassent grassement sur la plage.

Moment de glandage et sieste avant de partir à la chasse aux pumas dans un canyon, et heureusement qu’il n’y avait pas de puma en chasse parce qu’on avait que des canifs pour s’en défendre. Balade marrante mine de rien, on s’amusait à tracer les empreintes de pas de la bête et à imaginer toutes sortes de scénario catastrophe, un peu comme des enfants qui jouent dans la cours de récré en maternelle.

Je me sens de plus en plus mal à cause du poulet milanais, j’ai même noté « die » dans le carnet plusieurs fois. Je me rappelle plus très bien de mon état mental à ce moment mais c’était pas l’esprit de noël en tout cas. Je ne me rappelle plus dans quel ordre c’était mais on a ensuite mangé un pudding de noël en signant une vidéo qui montre bien que noël dans une gol au milieu de la pampa c’est unique, puis ju est parti seul parce que je souffrais trop à la chasse au puma au crépuscule. Il a fait ami ami avec des pingouins inquisiteurs et on est allé dormir (dans la voiture pour accueillir le petit jésus)

25/12 :

Il n’y eu rien de notable sur le chemin du retour. Julien s’est amusé à faire du Colin McRae entre deux esquives de mouton farceur tandis qu’on se rendait compte qu’on allait bientôt ne plus avoir d’essence. Les derniers 100 km ont été, pour le coup, pleins d’un suspense hitchcockien. Orientation de la voiture par rapport au vent, roue libre en descente, tous ceux qui ont déjà eu ce cas de figure reconnaitront le principe. C’est sur la réserve d’essence que nous arriverons enfin à la station d’El Chalten. Suants et suintants la peur. En arrivant au rent a car, on était un peu stressé parce que la voiture avait quand même pris pas mal de pierres sur la route, et qu’une des portes ne s’ouvrait plus. Au final le mec en a juste rien eu à secouer et donc c’était chouette.

En attendant de se faire le resto à volonté du soir nous avons passé la journée à errer dans la ville, proposant aux commerçants de nous racheter la bonbonne de gaz excédentaire que nous avions et que nous ne pourrions pas remporter avec nous. En vain. Au final on a préparé tranquillement notre retour du lendemain pendant une bonne partie du temps.

Le temps était venu, j’attendais ce moment, tous ces sacrifices pour Rick’s : le restau argentin de viande à volonté. Bon ben déjà on avait un serveur borgne sans patch de pirate. Chacun sait que ça me fait badder les problèmes avec les yeux. C’est pas mieux quand je mange. Sur 6 assiettes on a eu une seule fois du bœuf, car on n’avait pas le choix dans la viande consommée. Pour le coup on a fait les mal élevés, mais c’était juste une erreur parce que le serveur borgne est venu nous engueuler. Rick’s c’est nul n’y allez pas.

Le soir, tendu de réaliser que ce périple était sur sa fin, je n’ai pas pu trouver le sommeil.

26/12 :

Avant de partir, et sachant qu’on ne voyagerait pas dans le même avion, ju et moi avions décider de se donner une quête. Ma quête était de bouffer un super steak argentin à Buenos Aires avec 17 pesos. Ambitieux mais en apparence réalisable. La quête de ju était d’aller à Valparaiso pas loin de Santiago et d’y trouver un t-shirt que son grand père lui aurait offert 17 ans plus tôt.

Au retour, j’ai eu la chance de passer par Ushuaia. Je ne suis pas sorti de l’avion, mais je ne pense pas que la ville ait autant d’intérêt que le symbole d’être dans la cité la plus méridionale du monde. Arrivé à Buenos Aires j’étais crevé, errant dans l’aéroport pendant de longues heures je ne pu détecter un endroit où me payer un steak. Me contentant d’un pitoyable submarino et digérant mon échec, je me fis aborder par un quidam plein d’entrain et près à tout pour m’aider. Fatigué et sur la défensive j’ai refusé d’aller chez lui prendre un verre et dormir. Le potentiel soirée improbable était pourtant là.

L’attente à Buenos Aires était longue et uneventful. La seule pensée décryptable qui m’est restée : « tiens les argentines sont mignonnes mine de rien ». Ben c’est cool nico.

Il n’y avait pas de coin ou de recoin pour aller pioncer, aussi je me suis endormi brièvement sur le sol comme une bouse au milieu d’autres quidams dans la même galère. On se sent sale après.

27/12 :

En montant dans l’avion j’avais juste trop faim. C’était horrible. Le repas qu’on m’a servi est pour le coup vraiment bien passé. On aura beau critiquer les plats dans les avions, quand t’as faim tu manges et tu dis merci !

L’avion passa au dessus de l’Aconcagua –le plus haut sommet des Andes-, et malgré l’interdiction d’utiliser un appareil électronique en vol, tout le monde pris sa petite photo. Faut dire que la vue était magnifique. Pas de chance je l’ai pas noté donc faudra aller voir vous-même.

Arrivé à Santiago avant julien, j’eu la chance de trouver un internet gratuit afin de m’injecter mon fix et de glander comme mon corps épuisé le demandait.

Ju me rejoignis à l’aéroport de Santiago quelques heures plus tard, nos vols étant cette fois ci le même. Alors je sais que toute cette histoire est plutôt longue jusqu’ici mais comme celle-ci est la dernière je vous demande ce qu’il vous reste d’attention.

On a enregistré nos bagages et sommes partis à la douane. Ju passe devant en vol national, et moi la douane me stop et me fait que le vol est international en fait. Donc ben je peux pas prévenir ju qui va attendre au mauvais terminal. Pour le coup ptit stress parce que les bagages de julien vont être dans le bon avion et que je me vois mal me trimballer mon sac plus son sac à travers Lima en attendant de pouvoir le revoir. L’avion part et je tape la discute avec une colombienne pour me changer les idées. Arrivé à Iquique (ville au nord du chili, style dunkerque avec des dunes), on a un transfert dans un autre avion. Et là je vais voir les gens de la compagnie et j’explique le problème de ju pour savoir si je peux pas avoir des infos. Ils m’expliquent qu’en fait il a raté son vol (ben oui je sais j’étais dedans) et qu’il va être mis dans le prochain pour Iquique qui devrait arriver quelques minutes avant le départ de celui pour Lima. Pour le coup il y a une histoire de timing très just même pour des chiliens. Bref. Son avion arrive et je le vois pas sortir. Donc forcément je me dis : ju, you fail, you fail hard. Pour le coup on nous appelle pour monter dans l’avion pour Lima et tout le monde monte et moi je préviens l’hotesse qu’on doit attendre quelqu’un.

Sauf qu’en fait son avion c’était aussi celui qui allait à Lima et c’était moi qu’on attendait (insérer smiley de votre choix). Je suis donc monté, il était là et tout est bien qui fini bien.

Du point de vue Julien, après avoir poireauté 1h dans le mauvais terminal en se demandant ce que pouvais bien fiche Nico de l'autre côté de la douane, je prend conscience que je me suis planté. J'attend ensuite une bonne heure dans l'incertitude la plus totale : vais-je réussir à changer de terminal? Mais en fait j'étais suffisamment épuisé d'aventures en tout genre pour m'en taper royalement, et pour une fois je laissais les autres réfléchir à ma place. Ce fut une bonne idée car on me mit dans le direct pour Lima, avec escale technique à Iquique où je retrouverais un nico tout tendu comme un string. Mais juste avant de le voir arriver et dès l'atterrissage de l'appareil, une hôtesse, sympa, m'apporta ce mot :

"Señor Julien? — Euh... Si? — Mensaje para usted." Qu'est-ce que c'est donc que cette mascarade me dis-je (surtout après lu la suite) :

Voici la transcription du mot que je venais de terminer de déchiffrer lorsque Nico entra dans l'avion :
Salut Julien —— (stylo de merde)
J'ai cru comprendre que t'as manqué ton vol nacional, alors je t'explique ce qu'il s'est passé. On a pas eu le même douanier, le mien m'a dit d'aller à l'embarquement nacional et t'étais déjà loin pour que je t'avertisse (supposé, car là c'est pas QUE de la faute du stylo...). C'est à Iquique qu'on fait le visa péruvien. Je me demande encore ce qu'il s'est passé de ton côté, j'espère que tu as vite réalisé (nope). Je te laisserais un autre message à Lima, si tu le trouves pas ou si j'en ai pas laissé je serai probablement aux alentours de Jesus Maria et on se retrouve chez Joel le 28 à midi. Ton sac est à Lima
N


Voila voila c’est terminé