vendredi 22 janvier 2010

14 décembre 2009 : trip surprise en Bolivie

Suite de san pedro de atacama

les photos de Bolivie:

https://picasaweb.google.com/julien.breton2/Bolivia#

12/12 :

Nous retrouvons le mec de l’agence à l’heure prévue devant ses locaux et partons ponctuellement. On fait nos VISA boliviens et ça passe sans accroches. Nous voyagerons durant ces 4 jours avec un couple d’anglais (Sean et Charlotte) et un couple d’allemands (Mike et Violette ou un truc comme ça). Bref tous très sympa. On emprunte donc en bus la route vers la frontière bolivienne, une route d’ailleurs magnifique au petit matin avec des vallons dessinant de grandes lignes droites dans le paysage. Le sol est jaune vif dû aux herbes, et le ciel bleu pur. Le ciel Chilien est d’ailleurs réputé pour être le plus pur du monde, ce qui explique certainement la présence du VLT (very large telescope) quelque part dans le pays. Nous sommes surpris par l’excellent état de la route qui est aussi celle qui mène à la frontière argentine. Bien entendu, nous déchanterons bien vite lorsque nous la quitterons pour se diriger vers la frontière bolivienne. L’utilité du 4x4 se fait de plus en plus sentir tandis que nous jetons de derniers coups d’œil vers le volcan Licancagua (ou un truc comme ça) qui domine l’horizon. Je fais ce que je veux avec mes temps, c’est moi qui narre. Passé la frontière on rencontre d’autres touristes qui font la route inverses et qui reviennent du trip, les regards encore embués de leurs songes. Ils sont décalqués mais souriants. De bons augures pour la suite. Je rencontre à ce moment un gallois qui remarqua ma casquette Toronto Mapple Leafs et qui m’avoue avoir vécu 8 ans à Toronto. Un type vraiment sympa comme le sont la plupart des canadiens. On prend le petit déj’ durant lequel Julien et moi prenons soin de nous goinfrer comme les clochards que nous sommes. Puis nous faisons connaissance de Noël, notre chauffeur bolivien. Un type sympa, débrouillard et souriant.

Le poste frontière Bolivie - Chili (et inversement)

Nous partons enfin vers 9h30-10h dans un 4x4 Toyota rouge de 1994 (full mécanique et donc plus facile à réparer). Notre premier arrêt sera la Laguna blanca. Lac d’eau transparente qui permet de voir les roches blanches volcaniques qui en tapissent le fond. Elles sont similaires à celles que l’on peut retrouver dans l’architecture d’Arequipa au Pérou. Nous en profitons pour observer des flamants roses un peu plus roses ainsi que des oies ou des canards peut être, (je suis pas ornithologue). Les paysages sont à couper le souffle. D’ailleurs ça me fait penser que j’ai super mal au coude à cause de la chute d’hier, lever le bras me fait mal : inquiétant. Suffit de serrer les dents dans les cahots et ça passe. Donc oui, les montagnes sont magnifiques, faut le voir avec la lumière naturelle qui émane de ce ciel juste incroyable.

La Laguna Verde
(pour l'échelle, les gens en bas à gauche, et le volcan en face - Licacanbur - culmine à 6000m)

Nous prenons quelques photos puis enchainons avec la Laguna verde. Lac d’acide sulfurique sans aucune vie à cause du souffre présent en grande abondance dans les sous sols. Son nom vient du fait que le lac tire des reflets verts émeraude lorsqu’une risée passe dessus. J’ai peur de me répéter mais bon tant pis : c’est vachement beau. En fait sur place nous ne disions rien et avions tous le regard tourné vers le paysage, l’air pensif. Nos visages tournés tantôt vers le lac, tantôt vers le ciel, laissant le vent faire la conversation. C’est au moins aussi beau que ça. Une fois réveillés, nous mitraillons autant que possible puis reprenons la route sur de la pop anglaise émanant de l’Ipod de Sean.

Les membres de notre petit groupe traversant le désert de Dahli



La prochaine destination est le désert de Dahli, vous vous doutez bien que je ne me souviens pas de son vrai nom quechua, ma mémoire des noms ayant tendance à puer du cul. En gros c’est un désert de sable où l’érosion due au vent a découvert plein de pierres qui parsèment le fond du paysage. Nous profitons de cette halte pour s’entrainer à jouer avec l’erreur de parallaxe en vue des salars d’Uyuni où il est possible de faire de grandes choses sans l’aide de Photoshop. Le désert de Dahli c’est exactement comme ça que je m’imaginais le désert d’Atacama BTW.

Nous enchainons ensuite notre voyage et arrivons aux termes de chaipasquoi. Bref des eaux thermales dans lesquelles je ne me suis pas baigné puisqu’il était interdit d’y jeter du détergent et aussi parce que mes coups de soleil me brulent déjà assez comme ça. Donc je regarde tout le monde se baigner dans une eau plus chaude que celle des thermes d’hier. Bizarrement personne n’a l’air d’avoir froid en sortant malgré le vent. Le paysage des thermes me rappelle celui des marées basses de Normandie, je crois que la France me manque malgré tout après tout ce temps. Aux thermes, nous croisons deux cyclistes venant de la Colombie et comptant aller jusqu’en Patagonie. Ils étaient partis il y a 3 mois. C’est une aventure que j’aimerai beaucoup faire, je veux dire quand je saurai faire du vélo.

Nous poursuivons avec une attraction sur laquelle j’avais mis beaucoup d’attentes : les geysers de la mort qui tue. Vu que j’ai jamais vu de geysers je me suis dis que ça serait sympa. Trêve de suspense vous avez compris que j’ai été déçu. Les geysers étaient en fait de la boue qui faisait des bulles et qui puait l’œuf à cause du souffre (quand ça pue c’est pas mortel nous rappela le guide). Nous y restons très peu de temps.

La Laguna Colorada - et deux flamands roses

Le dernier coin à visiter de la journée est la fameuse Laguna colorada, lac dont l’eau est colorée en rouge par des algues microscopiques dont le nom, vous vous en doutez, m’échappe. (certainement d’ailleurs parce qu’on ne me l’a pas dit). Bref je ne connaissais pas, et la vue qui s’offre à nous est encore une fois incroyable. Vous devez vous lasser derrière votre écran, mais ça va crescendo au fur et à mesure de la journée, et ça c’est vraiment un beau bouquet final. Le problème c’est que j’ai épuisé mon vocabulaire du beau là, donc je vais utiliser celui du moche et vous aurez qu’à vous dire que c’est l’inverse. La Laguna colorada donc c’est une morne plaine inintéressante dont l’horrible vision du lac purulent rouge sang évoque les miasmes nauséabonds des menstruations paradoxales d’une octogénaire ménopausée. Le ciel d’un bleuâtre monotone ne ressemble à rien et n’a aucune profondeur, d’ailleurs aucune raison de s’attarder dessus. Quand aux montagnes, ben c’est des gros cailloux gris banals, je vois pas pourquoi j’en ferai tout un fromage. Le tout donne du rouge, du gris et du bleu : comme un t-shirt de geek délavé et plein de gras... Coïncidence ? I think not. De temps en temps on peut y croiser des alpacas, des sortes de moutons croisés avec des ânes qui ont des têtes à claques et qui communiquent en vomissant. Bref vous avez compris, c’est magnifique.

Des Alpacas (qui ne vomissaient pas, mais c'est parce qu'ils ne communiquaient pas)


Il est 14h quand nous arrivons à l’hôtel qui a une vue sur le site. Nous mangeons un plat qui ressemble à des knackies + purée, et j’ai suffisamment faim pour faire honte à Julien et tout finir comme un sans gêne. Nous soufflons un peu ensuite avant d’aller voir le lac de l’autre côté d’une colline (c’est un grand lac), prenons des photos sous tous les angles possibles puis partons de l’autre côté, derrière l’hôtel, pour observer le coucher de soleil (il est 18h, j’ai fais court). Durant cette petite expédition avec les allemands et les anglais, nous traversons un canyon stylée puis escaladons une petite colline afin d’avoir un bon angle de vue pour le coucher de soleil. Durant l’escalade nous nous séparons de nos compères qui grimpent moins vite. Arrivés en haut, vous vous en doutez, c’est beau. On remarque au loin des nuages *gasp* annonciateurs de pluie et nos approximations de géomètres en carton estiment qu’ils sont au-dessus des salars de Uyuni, chouette. Bon je passe sur le coucher de soleil qui est beau comme un coucher de soleil bolivien incluant les couleurs irréelles fournies avec le package, au bout d’un moment ça en deviendrais presque blasant... Nan je rigole.

Nico se baguenaudant dans le désert de l'altiplano, Laguna Colorada en background

L'altiplano au coucher du soleil

Nico rentrant au gîte

The Man


Donc on rentre pour 19h00 parce que le guide avait été bien clair qu’il fallait rentrer avant 20h pour bouffer, et puis de toute façon il commençait à cailler comme il faut. Donc on arrive à l’hôtel, et suspense : Charlotte et Sean ne reviennent pas. Au bout d’un moment on se décide à bouger notre cul et à aller les chercher mais bien entendu la nuit est déjà tombée depuis longtemps. Nous errons donc d’hôtel en hôtel afin d’alerter les gens, qui se mettent à paniquer comme prévu, tous près à aider. Remarque dans l’histoire, la première personne à qui j’en ai parlé (en espagnol), me fait savoir par signes qu’il ne comprend pas. Je lui répète en anglais et il me sort un franglais de cuisine montrant qu’il ne parle pas anglais non plus. Je comprends alors qu’il est français. NB à tous les anglophobes : ne voyagez pas seuls si vous ne savez pas parler ni l’idiome local ni l’anglais… ça coule de source ! Enfin bref en quelques minutes tous les hôtels sont sens dessus dessous et les 4x4 commencent à partir à la recherche des infortunés anglais. Sur le chemin du retour je croise la route de Sean qui revenait tranquillement à l’hôtel, celui-ci m’interroge sur tout ce brouhaha et je suis contraint de lui expliquer qu’on les cherche. Il me signale qu’on devait rentrer à 20h et qu’il est justement 20h. Alerte pour rien, nous allons donc manger. Mais Julien était lui aussi parti à la recherche des anglais. Il était dans le canyon loin du campement et Sean, coupable malgré lui, voulu partir à sa recherche malgré mes futiles arguments sur l’inutilité de l’opération et la bouffe qui n’attendrai pas. Bref je mangeai donc avec les filles, l’allemand et l’anglais étant partis à la recherche de Julien qui n’en attendaient pas autant. C’est le ventre déjà repu que je les vis revenir bredouille alors que Julien était bien entendu déjà revenu depuis quelques minutes. Tant de bruits (et de lignes) pour rien.

Le soir nous nous prîmes à observer les étoiles, apparemment on pouvait voir les deux plus proches galaxies ainsi que la voie lactée mais en ce qui me concerne, enfin moi et ma myopie, c’était des brouillards flous et brillant. J’ai quand même aperçu une étoile filante, et apparemment il y aurait une pluie de météores le jour suivant selon Sean. Au loin, au-dessus des salars d’Uyuni, un orage éclate. Les éclairs sont impressionnants et très lumineux et nous ne rentrons qu’au moment de s’apercevoir qu’il fait très froid. Les filles vont se coucher tandis qu’on reste devant le poêle pour réchauffer nos vieux os et se conter nos aventures respectives avec une voix faussement vieillie histoire de faire baroudeur. Nous stockons nos chaussures dans une chambre vide afin de ne pas mourir asphyxiés pendant la nuit puis allons nous coucher. Surprise, les matelas sont recouverts d’un film plastique pour ne pas les abimer, donc c’est sympa ça fait BEAUCOUP de bruit à chaque fois qu’on bouge, et Dieu sait que je bouge énormément quand je dors.

13/12 :

La fraicheur de l’aube nous réveille malgré nous et nous force à nous vêtir chaudement prestement en hyperventilant bruyamment. Toilette rapide à l’eau froide puis on enchaine sur un petit déjeuner Deluxe. Pancakes, thé, café, chocolat chaud, lait, toutes sortes de condiments dont du dulce de leche argentin (c’est bon). Nous partons ensuite, conduit par un Noël plus à la masse que jamais, pour le deuxième jour du road trip durant lequel on fera surtout de la route. L’objectif est d’arriver en fin d’aprem devant les salars et de dormir dans un hôtel de sel. Nous partons très tôt afin d’arriver dans les premiers à l’arbol de Piedra qui est un monument rocheux extraordinaire.

Arbol de Piedra


C’est toujours le même principe de l’érosion, mais le fait que ce bloc de pierre tienne debout semble difficile à admettre. Quelles sont les probabilités pour qu’une telle formation tienne debout naturellement ! Le site est donc magnifique, mais il y a beaucoup d’autres touristes et c’est mal parce qu’on n’aime pas partager. Les chauffeurs boliviens restent entre eux et parlent un patois que ni Julien et moi n’arrivons à comprendre. Nous partons après avoir escaladé comme si l’on était à la forêt de Fontainebleau pour enfin repartir.

Nico, Charlotte, Sean, & Julien

Nous nous arrêtons à un lac dont l’eau est jaunâtre à cause du souffre probablement, mais plein de vie, dont des flamants roses et des mouettes et d’autres trucs avec des nageoires probablement. Au rythme de l’Ipod de Julien, nous continuerons notre route sans s’intéresser plus que ça aux magnifiques lacs des altiplanos boliviens. On avait déjà les photos. Nous croisons un cycliste, seul cette fois, qui était parti du Venezuela et allait jusqu’à San Pedro de Atacama, son calvaire semblait arriver à sa fin mais il peinait horriblement dans le sable mou et nous avions pitié de lui du haut de notre tout-terrain qui progressait aisément dans ce paysage hostile (bicyclettement parlant). L’Ipod de Ju passe enfin du metal, et je suis comme par hasard le seul à en profiter. Il enchaîne ensuite sur Infinity ce qui ne m’empêchera pas de headbanger comme si c’était du brutal death.

Pour déjeuner, nous nous arrêtons dans une sorte de coulée de lave séchée qui donne l’impression d’être dans un bain de mousse marron géant, les blocs de lave ressemblant à des bulles. C’est un paysage auquel nous ne nous attendions pas et qui nous émerveille. Certains massifs ont la forme de la vague de Quicksilver et il est possible de s’installer dessous pour être à l’ombre. Nous mangeons rapidement puis repartons après avoir pris les photos d’usage. Nous reprenons la route en visant un gros nuage dont le nom m’échappe une fois de plus. Au bout d’un moment le chauffeur point son doigt dans une direction et présente les salars d’Uyuni, avec la distance tout ce que nous voyons est un mirage gigantesque. On a l’impression d’avoir remonté le temps 40000 ans en arrière lorsqu’il y avait encore un lac à la place du désert de sel. L’étendue du mirage est gigantesque.

Lire dessous pour comprendre

Nous faisons une pause à St Juan, petit village complètement désert vu qu’on était dimanche, où Ju finira par trouver un magasin ouvert pour acheter des lunettes de soleil tandis que j’observerai avec amusement des lamas former leurs équipes sur le terrain de foot du village. Puis, ayant hâte d’arriver à destination, nous sautons dans la voiture et essayons de repartir. Malheureusement, le vieux 4x4, toujours avide de facéties, décida que la clef ne pourrait plus tourner dans la serrure pour démarrer (excusez du vocabulaire). Notre chauffeur étant bolivien, il décida de ne pas se laisser faire, et entrepris de faire quand même tourner la clef à l’aide d’une pince. La clef se vrilla comme prévu et le départ semblait de plus en plus compromis. Tout le monde me regardait parce que je suis censé être un ingénieur en systèmes embarqués, mais bon sans un minimum de documentation je n’aurai pas vraiment pu aider. D’autres chauffeurs vinrent pour aider. Ils se contentèrent peu après de regarder et l’un d’entre eux récolta un joli ya viaja (littéralement : c’est bon voyage, comprendre : vas y dégage). Par chance, le Toyota était un modèle de 1994 entièrement mécanique, notre chauffeur pouvait donc la démarrer comme dans les films en bidouillant les fils sous le volant et nous pûmes enfin reprendre la route peu après.

Bolivian Style : hack your own car!

(A la bolivienne : volez votre voiture!)


Nous arrivons peu après à l’hôtel de sel, qui fait face aux salars d’Uyuni. Le chauffeur nous explique qu’ils ont été détériorés par la pluie d’hier mais qu’il y a des coins secs vers le milieu. Nous nous engouffrons dans l’hôtel et prenons place dans nos chambres, où tout est fait de sel : les murs, le sol, les lits, tout ce qui ne touche pas à l’eau est en sel. Je vais prendre une douche dans une salle de bain old school (c'est-à-dire avec du carrelage et des parpaings), puis nous partons avec Ju derrière l’hôtel pour aller voir l’impressionnante forêt de cactus qui domine le paysage lunaire des salars.

1m tous les 100 ans

Prenant soin de prélever des cures dents pour le soir, nous prenons le temps d’observer le coucher de soleil puis allons manger. Nous retrouvons nos compagnons de voyage à table, l’allemand à acheté une bouteille de vin chilien qui donne fort à faire au vin de table bolivien à propos duquel je préfère taire tout commentaire (sinon que j’ai vomi un peu dans ma bouche). Le menu est à base de flamant rose, et c’est de la bonne volaille surtout accompagné de l’excellent vin chilien.

J’entreprends ensuite d’apprendre à tout le monde à jouer à la bataille corse, ce que je ne ferai pas pour vous, zavez qu’à googler. Bref toujours est il qu’on s’est liés d’amitié et ça c’est une des richesses de ce genre de voyages. Bon au bout d’un moment ils se sont lassés de mes répétitives victoires ils allèrent vite se coucher et je pris le temps d’exploser des gens d’une autre table au poker avant d’aller moi-même m’effondrer peu après, épuisé.

14/12 :

Nous avions prévu de nous lever très tôt le matin pour pouvoir d’une part observer le levé de soleil et d’autre part ne pas être dérangés par les autres touristes sur le site. Nous y étions enfin : nous étions aux salars d’Uyuni, merveille naturelle du monde, vestiges salés d’un lac évaporé il y a plus de 40 000 ans, et la plus grosse réserve de lithium au monde (1/3 des réserves mondiales) dont l’exploitation est freinée pour le moment par le gouvernement bolivien. Si vous savez lire entre les lignes vous comprendrez qu’il faut vite se dépêcher pour profiter de cette étendue grande comme la seine et marne avant qu’elle soit complètement industrialisée au profit des besoins du monde grandissant de l’électronique. Bref j’ai perdu le fil… Ah oui, nous nous sommes levés tôt, mais une heure trop tôt en fait, décalage horaire entre le Chili et la Bolivie de 1h. Donc nous étions prêts à 3h du mat au lieu de 4h. Take that motherfucker. Pardon. On en profite pour aller voir la fin de la supposée pluie de météores et observons quelques étoiles filantes. C’était joli, j’ai complètement oublié de faire un vœu par contre, si ça intéresse quelqu’un je veux dire. Nous pouvons voir un magnifique croissant de lune, et le ciel est tellement net que nous pouvons en fait voir la lune entière. Certainement du à la réflexion du soleil sur la Terre ou un phénomène du genre. Le chauffeur décide enfin de se lever, et nous partons peu après non sans oublier de petit déjeuner comme il se doit.

Les salars roses, au lever du soleil.

S’offre à nous le plus beau levé de soleil que j’ai jamais vu, la lumière se réfractant dans les nuages la dégrade en moult couleurs chamarrées et resplendissantes sur l’écran blanc des salars tandis que le soleil fait timidement son apparition. C’est vraiment le clou du spectacle, et quel clou ! C’est incroyable et je peine à trouver les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti en voyant ce plan tout droit sorti d’un roman de SF. Ce que nous avons devant les yeux ne me rappelle rien que j’ai pu observer auparavant, c’est du tout neuf, et c’est vraiment extraordinaire. Nous avons l’impression d’avoir changé de planète. Nous commençons donc à mitrailler comme il se doit dans des moments comme cela en attendant la venue des premières ombres qui ne manqueraient pas de grandir extrêmement rapidement vu la parfaite horizontalité du sol. L’horizon s’étend tellement qu’on peut observer la courbure de la Terre.

L'étendue de sel, à perte de vue, et la courbure terrestre

Nous passons ainsi toute la matinée dans les Salars, s’émerveillant à chaque instant, c’est magique et donc c’est bien. Le 4x4 s’entête à tomber en panne, mais nous le poussons derechef pour continuer notre route. L’allemand s’essaie au naturisme… quoi de mieux que de commencer à 3600m d’altitude et un des indices d’UV les plus hauts du monde. Nous arriverons vers 8h sur l’île des pêcheurs (ou incatruc en quechua). Sur cette île nous partons chacun de notre côté afin d’en profiter comme nous l’entendions. Je fais vraiment n’importe quoi avec ma conjugaison et je vous pisse à la raie. Certains cactus ont plus de 1000 ans, impressionnant (mais tous flétris, épines abimées et tronc poreux, bref en fin de vie). Nous nous éclipsons avec Ju pour aller faire une pause Jared, torse nu face au soleil, afin de l’envoyer à William, un raideur absent. Ceci fait, le 4x4 vient nous chercher sur place, nous devions partir plus tôt, tant pis. Nous nous arrêtons ensuite à l’ancien hôtel de sel, désaffecté depuis que la zone est protégée, et en profitons pour prendre des photos pour la postérité.

Photomontage d'après l'affiche du film Jarhead (ci-dessous l'original)


Mortal Kombat

Nous finissons par déboucher sur la zone exploitée par les ouvriers de la région, où s’entassent des tas de sels en attendant qu’ils sèchent. La zone ne semble pourtant pas si abîmée, mis à part que le sel est plus sale. Je veux dire par là qu’on n’observe pas de grosse carrière ou de gros trous dans le sol. Les salars semblent se régénérer d’eux-mêmes.

On arrive enfin à un petit village, marquant la fin de notre odyssée dans le plus grand désert de sel du monde ( ?). Nous partons manger, mais le repas ne m’a pas marqué aussi il a pas dû être extraordinaire comme celui de la veille. Nous allons ensuite à la recherche de toilettes, qui se trouvent être bravement gardée par un féroce cerbère : un petit bolivien haut comme trois pommes et sévère comme une belle mère (je suppose, j’en ai pas). Bref, ce petit rageux nous fait pisser de rire, et c’est très mauvais puisque justement on a besoin d’uriner prestement. Celui-ci veut nous facturer 1 boliviano pour se soulager. Que nenni mon ami l’avisons nous avant de tenter sans succès de forcer le passage. Le bougre ne lâcha pas prise et nous dûmes recourir à la ruse pour le tromper. La ruse c’est pour les fiottes disait machiavel, mais des fois ça marche. True story. Nous lui avons donc annoncé d’un air sur de nous que les toilettes n’étaient pas payantes pour les touristes, en lui montrant un panneau sur lequel il était écrit de ne pas jeter d’ordures dans la ville. Le bambin ne savait bien entendu pas lire puisqu’il ne devait pas avoir plus de 5 ans (et déjà, la problématique de l’argent guidait ses réactions, beware wall street, beware). Pendant ce temps, Ju mitraille un véhicule antique qui donne l’impression d’être au milieu de l’Australie.

Véhicule légèrement endommagé

Nous rencontrons dans ce même village Gérôme, un français (décidément). Celui-ci compte se rendre à Uyuni, situé à 20km de là, et nous lui proposons donc de monter avec nous malgré les réticences du chauffeur. Nous arrivons à Uyuni et notre chauffeur s’en va vendre la voiture à un ferrailleur nous laissant devant l’agence à attendre 5h pour qu’on vienne nous récupérer. Nous en profitons pour faire connaissance de Gérôme, qui décide de continuer sa route avec nous. Celui-ci est parti pour un an de voyages avec un ami qui a été blessé à Iquitos. Gérôme est donc seul pour le reste de son voyage. C’est un étudiant en photographie qui se révèle assez sympa, et complètement à l’arrache comme nous. Il a vécu en Argentine et nous brief d’anecdotes alléchantes sur notre prochaine destination : la Patagonie. Au même titre que les autres, il nous compte combien la viande y est excellente et je m’empresse donc d’émettre de grandes attentes envers la qualité de la nourriture qui nous attend. 4 mois de viande surcuite et filandreuse au Pérou m’ont en effet donné envie d’un bon steak. Uyuni est une ville pourrie, les gens ne sont pas sympathiques, et sentent mauvais. Nous essayâmes donc de nous rendre au cimetière de trains situé non loin d’Uyuni selon Noël, mais il se trouva qu’il fallait encore prendre un taxi ce qui se heurta violemment à notre radinerie naissante à l’image d’un non ferme et définitif qui sut immédiatement convaincre notre interlocuteur visiblement déçu. Nous errâmes ainsi dans Uyuni des heures durant, avant d’enfin se décider à prendre une glace d’ailleurs délicieuse, puis de rejoindre un cybercafé afin que je prenne mon fix d’internet. Je décide ensuite (ou était-ce avant ?) de m’offrir une clé USB, espérant l’avoir à un prix bolivien et raffiner mon embryon de talent de négociateur. Pour couper court : j’ai acheté la clé à un prix français. Ces boliviens-là ne voulaient pas négocier, en fait je pense que c’est le cas pour toutes les marchandises de type électronique, qui sont importées. J’ai mal.

Les anglais décident de rester à Uyuni pour enchainer sur Potosi, la fameuse ville minière de Bolivie où les mineurs travaillent sans relâche 16h par jour en s’aidant de 150 feuilles de coca. Les allemands eux reviennent avec nous et Gérôme décide de nous accompagner jusqu’au Chili puisqu’il devait aller à San Pedro de Atacama tout compte fait. Notre nouveau chauffeur nous est immédiatement antipathique, il est pas cool, passe de la musique qu’on écoutait en 4eme quand on était mal dans notre peau et tout, et conduit mal. La route de nuit pour retourner au Chili est gore et nous ne parvenons pas à dormir. On a l’impression de skier par temps de brouillard quand on regarde la topologie du sol, on ne comprend rien à la route et j’ai l’impression de tourner en rond. On arrive à un hôtel et allons dormir après avoir encore rencontré des français, LAISSEZ NOUS !!

15/12 :

Pendant la nuit, un papillon décide d’aller visiter mon nez ce qui ne manque pas de me réveiller en poussant des grognements bizarres. Je me réveille avant tout le monde, n’ayant pas réussi à vraiment retrouver le sommeil, et regarde les étoiles. J’essaie de prendre une photo, mais c’est un échec. Tout le monde fini par se lever pour partir à l’heure prévue : 3h, mais le chauffeur avait décidé de partir à l’heure bolivienne. Soit 45 minutes plus tard. Nous repartons et je m’écroule comme une larve pour me réveiller aux thermes de chaipasquoi de l’allez, paysage moins beau qu’à l’allée, surtout qu’il y a plein de monde. Les allemands dorment comme des masses : la chance. Gérôme parle beaucoup mais il sait se rendre intéressant. Il propose d’héberger Ju à Santiago de Chili, ce qui se conclura par un fail, comme il se doit avec ce genre de plan sous ces latitudes.

Nous arrivons à la frontière, en avance… malgré l’extrême lenteur du chauffeur polio imberbe. Tous mes respects. On va à la douane et le douanier (c’est son métier) nous demande de payer 21 Bolivianos (2 €). LOL. Nous WTFquons avec Ju, puis prenons les choses en main, surs de nous :

Moi : « ouiiiiii, je n’étais pas au courant »

Lui : « faut payer »

Moi : « je suis navré mais je n’ai pas d’argent »

Lui : « Mais vous êtes touristes »

Moi : « oui »

Lui : « et vous n’avez pas de sous ??? OMGWTFBBQ » (texto)

L’hurluberlu était, excuse my french, sur le cul. Il nous avait malgré notre passeport français, pris pour des américains (ou des nord-coréens je lui laisse le bénéfice du doute) ou alors il voulait juste se faire un p’tit back chiche. Bref un escroc bolivien de plus.

Moi : « C’est todo incluido sale n00b, donc tu sais où te les carrer tes 21 bolivianos »

Lui : « fort bien » GNiiiii

Gérôme se fait également bloquer, et le guide refuse de l’aider avec beaucoup de sang froid et de connerie. Gérôme est donc retenu à la frontière, il n’a pas son passeport… Pendant ce temps nous prenons des photos d’into the wild avec Julien puis nous remplissons les poches de biscuits et de pains tout en ingurgitant le plus de yaourt possible. De retour au Chili nous revenons en effet sous le seuil de pauvreté et économiser un repas c’est toujours ça de gagné.


Nous rushons ensuite vers le bus pour Calama une fois revenu à San Pedro de Atacama, sans vraiment prendre le temps de dire bye bye aux autres : tant pis. Il me semble que le film parlera d’une gargouille qui tue les gens dans paris et que les protagonistes mystérieusement détruiront à l’aide d’explosifs… Une bouse infâme que le manque d’alcool rend difficile à digérer. Nous restons une bonne partie de la journée à Calama, et tandis que j’aborde les quidams dans le parc pour m’occuper (beaucoup de métalleux), Ju entreprend de finir son bouquin sur la Commune qu’il compte me prêter pour la Patagonie. Nous reprenons ensuite le bus vers Santiago en compagnie du même steward stressé de la bite et dormons donc très mal en regardant des films comme Star trek, et Dragon Ball évolution qui est nul comme tout le monde me l’avait dit. Les films d’action sont de plus en plus nul d’ailleurs, serai-je en train de vieillir ? God damn it !

16/12 : Nous arrivons à l’heure à Santiago après 20h de route pile poil, impressionnant ces suisses d’Amérique du sud. Je n’ai pas le temps de dire au revoir à Ju le temps de prendre un bus pour l’aéroport où je monterai dans un avion qui m’emmènera à Buenos Aires où je dormirai.







Nico

11 décembre 2009 : San Pedro de Atacama

Carnet de bord un peu trop détaillé par Nico (et vraiment mal écrit, ça pique les yeux et parfois c'est même grossier, ouuuh le vilain)

Trip Chili/Bolivie/Argentine

les photos du Chili:

https://picasaweb.google.com/julien.breton2/ChiliSanPedroDeAtacama#

https://picasaweb.google.com/julien.breton2/ChiliValparaiso#

07/12 :

levé à 8h pour arriver à l’université UPC à 10h et enfin tenter de récupérer mon passeport. Arrivé là bas : personne. Attente à la salle NTIC où j’en profite pour facebooker le temps que les gens du bureau des étudiants inter arrivent. Récup du passeport et retour à la maison sans payer le deuxième combi (vivo). Arrivé à l’appart on commence à tout ranger puisque Ju s’est déjà occupé de l’organisation du voyage (entre autre les impressions de documents pour l’avion en fait). Il s’active plutôt beaucoup en fait depuis hier. On a le temps mais bon un petit coup de stress ne fait jamais de mal.

Vers 16h le Dr Sotelo arrive et on stocke le gros de nos affaires chez lui pour n’emporter qu’une sorte de gros strict minimum. Mon sac pèse 10kg, celui de Ju 15 mais il porte mes tongues ce qui explique l’écart. Vers 17h Carmen arrive pour acheter nos meubles, c’est une nana qui a essayé de choper Ju à un concert de bossa nova (Nova Lima). Vers 18h on va dire au revoir à Joel le propriétaire du bar en dessous de chez nous. Beaucoup trop d’émotions alors qu’on les connait pas les serveuses. Lol en résumé.

Nous nous offrirons même un splendide gâteau d'anniversaire de départ sur lequel il était inscrit "Feliz Cumpleaño Jean Pierre!" (Joyeux Anniversaire Jean-Pierre!)


On part ensuite vers chez Lola pour poser les matelas pour les victimes du tremblement de terre de Pisco de 2007. Pareil, petit moment d’émotion inutile, j’aime pas dire au revoir parce que ça me fais rien et tout le monde semble s’emporter dans du too much. Sonia et Lola se prennent momentanément pour nos mamans et ça fait toujours autant bizarre de sentir que des gens tiennent à toi et sont bien plus inquiets qu’ils ne devraient l’être, surtout qu’on les reverra en Patagonie 10 jours plus tard mais j’y reviendrais.

A 19h et des poussières on arrive chez Jen qui était alors sous la douche pour ceux que ça intéresse. Elle nous fait à manger tous ses restes de bouffe : gratin de pates DeLuxe. On est moi Ju, Jen et Laura. Le tout est arrosé de bière locale (la Cusqueña, forcément, les autres étant horribles). Bref on fini toutes les réserves de Jen qui part 1 mois en Inde rejoindre son copain. Nous l’accompagnons à l’aéroport via son pote taxi puisque le hasard fait bien les choses et que nos deux avions partent quasiment à la même heure. A l’aéroport on a un vol différent Ju et moi car je m’y suis pris trop tard et qu’apparemment c’est des coins très fréquentés durant l’été austral. Je vais à mon guichet pour découvrir que je dois payer 30$ de taxe d’aéroport… Quelle bande de putes de voleurs de mes deux.

Ju tombe sur un boulet qui sait pas faire son travail et qu’il faut accepter bien gracieusement d’aider pour pouvoir obtenir ce qu’on veut. Bref c’est le Pérou, des fois c’est comme ça que ça se passe on connait la musique. Jen quant à elle a achetée un billet à une compagnie qui n’existe pas sur les ordinateurs péruviens, je ne parle même pas de l’existence du vol donc l’état fictif semble évident. LOL (à prononcer lentement avec des trémolos dans la voix). On va donc payer notre taxe le sourire aux lèvres, le point positif c’est que la fille qui encaisse à un t-shirt sympa que je veux : c’est marqué en blanc sur fond rouge « think : it’s still legal ». On passe ensuite à la douane, le vol décollant dans pas si longtemps. Et là forcément on tombe sur le stéréotype de la connasse méchante de la douane. Celle-ci commence avec Jen en lui disant que son Visa n’est pas un vrai Visa, je ne peux retenir de pouffer de rire bêtement à l’idée qu’il y ait des faussaires de Visa qui rodent dans les aéroports. Le Visa de Jen était par ailleurs un vrai et il a fallut appeler le manager ce qui mit vite fin à mes moqueries. Bref cette sotte était bornée et probablement mal forniquée ce qui est triste et annonçait moult joyeusetés pour Ju et moi qui étions restés dans la même queue, tels des benêts. Arrive le tour de Ju, celui-ci a un Visa touristique de 6 mois alors que normalement c’est 3 mois. L’idiote le remarque et le sermonne tandis qu’il reste de marbre, certainement sourd à ses virulentes vitupérations. Elle lui fait remarquer dans un final cliché que ça ira pour cette fois mais qu’elle ne l’y reprenne pas à s’incruster dans son pays illégalement pendant 3 mois. On ne connait que trop mal les méfaits du tourisme je suppose. C’est mon tour, je m’avance sur de moi, j’ai un Visa officiel, signé par le consul du truc du machin des affaires internationales, que l’école m’a procuré. Bref j’ai le bon Visa. Celle-ci me demande alors pourquoi j’ai un Visa officiel alors que je n’ai pas de passeport officiel. Je reste interdit, digère l’information, demande de répéter, confirme qu’elle est bête et lui fait signaler que j’ai un vrai passeport et que merci ça va à part ça. En fait je savais pas que le passeport officiel c’est le passeport de diplomate… Bref c’est pas ma faute si j’ai un Visa officiel, j’ai pas choisi. Bien entendu, je m’efforce de ne pas déchainer la furie des flammes sur sa ronronnante personne (j’ai toujours eu envie de placer cet adjectif : voila). Elle me demande ensuite d’un sourire mauvais de reremplir une carte de migration inutile qu’elle s’empresse allégrement de déchirer une fois que je lui rends.

Nous voila donc de l’autre côté, dans le bord international. Jen a disparu, son vol est déjà parti. Ju est quelque part mais je n’ai pas le temps de le chercher car mon avion part dans la minute. Je me précipite donc vers mon siège sympathiquement confortable et m’endors peu après avoir lu quelques pages de Mona Lisa Overdrive de William Gibson (très bon livre by the way). Je me fais réveiller à Iquique, la ville la plus au nord du Chili, où il faudra sortir de l’avion et passer par la police internationale et glander 2h à rien faire dans l’aéroport en construction sans toilettes avant de repartir dans le même avion. C’était une escale technique prévue. J’étais à la masse dans l’aéroport et complètement perdu. J’ai donc suivi la masse mouvante des chiliens heureux d’enfin quitter ce pays si peu occidentalisé qu’est le Pérou. On remonte donc dans l’avion, comme je suis pas assez fatigué pour m’endormir je prend le bouquin et lis les deux pages salvatrices. Je serai de toute façon réveillé quelques minutes plus tard par des hôtesses très zélées qui veulent absolument que j’ingurgite la bouffe fournie avec le billet. A cause du repas chez Jen je suis complètement blindé, et manger ne fais donc pas partie des options. J’essaie de me rendormir mais on est quasiment arrivés. Bref une nuit en plusieurs épisodes, parfait pour être décalqué comme il faut.


8/12 :

Il est 6h du mat à ma montre et j’étais supposé arriver à 8h20. En plus l’avion de Ju a 3h de retard et je dois donc l’attendre. Je récupère mon sac et constate que mon sac d’hydratation est abimé : le robinet a été arraché pendant le chargement ou le déchargement. Youpi, voila de quoi me mettre de bonne humeur. C’est donc le sourire aux lèvres que j’entame ce journal de bord. Quand Ju arrive j’apprends que le Chili a 2h d’avance sur le Pérou niveau fuseaux horaires. La géographie du continent m’a trompé et je n’ai finalement pas eu à attendre tant que ça.

On va à l’ATM et celui-ci nous propose de retirer 100K$ de notre compte à notre grand étonnement. Comme il me semble que je n’ai pas cette somme sur mon compte et que c’est la plus petite possible à retirer, je m’en vais quérir l’aide d’un employé de l’aéroport. Celui-ci nous informe alors du taux de change : 1€ = 700$ ($ étant également le signe du peso chilien (et argentin tant qu’on y est). Donc on retire 100k peso ce qui nous parait amplement suffisant pour notre séjour au Chili. De rapides coups d’œil aux prix et les conversions adéquates en soles (monnaie péruvienne) me permettent de constater que l’on s’est probablement déjà fourvoyé. En effet le niveau de vie semble 3 fois plus élevé qu’au Pérou et rejoins ainsi les prix français. Autant en emporte notre budget.

Des nuées de taxis nous hèlent, ils sont tous vraiment chers, genre même en France je ne payerai pas ce prix pour un taxi, mais je suis radin. Malgré nos multiples refus polis, un taxi driver nous tiens la pate pendant 10 bonnes minutes, essayant de nous convaincre que son prix est le plus bas, mais en vain (25 dollars américains pour aller au centre ville de Santiago du Chili : la bonne blague). Le bougre, dans ses efforts pour nous vanter les bénéfices de son affaire, nous amena en fait à l’arrêt de bus, ce qui était exactement ce qu’on cherchait. Celui-ci nous emmena au centre ville pour 1400$, soit 2€.

Là, nous trouvons rapidement le terminal de bus où nous démarcherons les différentes compagnies pour trouver le bus le moins cher pour se rendre à San Pedro de Atacama, notre destination. Les prix des bus s’avèrent bien plus chers que prévus et nous sommes réduits à payer le prix fort car toutes les compagnies se sont alignées sur l’allez retour à 50K$ soit 70€. Il doit être certainement possible, en s’y prenant à l’avance, de trouver des covoiturages vers Calama ou San Pedro de Atacama, mais en s’organisant sur place c’est tout de suite moins facile. Notre bus partant à 14h, nous décidons de trouver une solution pour réparer mon sac d’hydratation. Nous errerons alors dans les grands centres commerciaux de Santiago, à la recherche d’un produit qui apparemment n’existe pas dans le commerce : les robinets pour camel bag. Avis à ceux qui travaillent dans le business du camping, la demande est là. Néanmoins, cette promenade nous permet d’observer que les Chiliennes sont grosses, avec un corps de poire, mal habillées façon pop des années 80 et qu’elles ont toutes de magnifiques yeux verts (couleur que je convoite en France et qui s’avère banale ici). La transition est impressionnante par rapport au Pérou où les femmes ont de beaux corps et des yeux très sombres. Franchement d’ailleurs, pour une fois le Pérou n’a rien à envier au Chili de ce côté-là. Bref tout ceci est inquiétant parce qu’on aime bien voir des jolies filles entre deux randos.

On monte finalement dans le bus qui part à l’heure indiquée ! Je tiens à mettre l’accent sur le fait que cette ponctualité fut une incroyable surprise, du genre de celles que l’on n’espère même plus. Très vite je m’endors afin de rattraper ma nuit. Je me réveille quelques heures plus tard au début d’un film super dont je ne sais pas le nom qui parlera de l’immigration clandestine aux états unis et de la paranoïa collective des employés du gouvernement face aux étrangers. Ce film dont je n’avais entendu parler était vraiment super et je dis ça aussi parce qu’ils ont enchainés avec l’intégrale des Van Damme dont les intrigues sont aussi risibles que dans mes souvenirs d’enfant. Le bus est confortable, tant mieux d’ailleurs vu le prix. On est bien assis mais le stewart s’échine à ouvrir et fermer les rideaux au moindre changement de luminosité. Un excès de zèle qui me les cassera plus d’une fois, j’ai failli le mordre. De plus nous n’avons pas encore mangés et il semble qu’il n’y a pas de repas inclus dans le billet pourtant hors de prix. J’imagine même pas combien coutent les bus chilien où l’on mange aussi. Au fur et à mesure que les films de Van Damme s’enchainent je me dis avec du recul que c’est pas plus mal qu’on ne mange pas, cela nous évite de vomir partout devant la piètre qualité des films qui nous sont imposés. Pour ceux que ça intéresse, je passerai mon temps à pisser aussi. Nous arriverons le lendemain à Calama à 13h, comme prévu ! Cette ponctualité me réjouis


9/12 :

Nous prenons le bus de Calama pour San Pedro de Atacama pour la modique somme de 2500$ (3,5€ environ). Nous traversons en chemin une partie du désert de Atacama, région désolé, plane et parsemée de mines de salpêtre, souffre, et cuivre qui en font la région la plus riche du Chili, et aussi la plus chère. Nous voila prévenus, le 56k de l’appart de Lima ne nous ayant pas permis d’en savoir plus. Cette région appartenait auparavant au Pérou, et le Chili en pris possession lors de la victoire écrasante de la guerre du pacifique où ils mirent glorieusement fin à la coalition Pérou-Bolivie dont l’armée n’avait pas d’uniformes, ni assez d’armes pour tout le monde. Le Pérou leur en veut toujours depuis, et il existe en ces deux pays une sorte de rivalité malsaine qui va donner je sais pas quoi vu que c’est absolument pas mon domaine d’études ni d’intérêt.

La splendide église de San Pedro de Atacama


Nous arrivons à San Pedro de Atacama à 13h, le ventre pas très plein, (voire super vide puisque ça fait tout de même 24h que nous n'avons rien mangé) et nous entreprenons de chercher un hôtel. On trouve finalement un camping pas cher à 2500$ la nuit par personne sans eau chaude, ce qui n’a pas d’importance vu la chaleur. Nous enchainons ensuite vers la rue principale de la ville : caracoles (les escargots) afin d’y chercher à manger. Nous y trouvons rapidement une sorte de Wan-Tan fourré pour 1000$ ce qui sera suffisant pour tenir jusqu’au soir. Quand enfin nous allons voir les tours il est 16h15, et nous apprenons à notre plus grand désarroi que les tours partent à 16h. Bref nous avons perdu une demi-journée. Un trip qui commence donc comme il se terminera, à l’arrache, déconnecté de la réalité. Dans San Pedro de Atacama, il y a beaucoup d’étrangers, en fait on n’a pas beaucoup vu de Chiliens. La ville est encore plus cosmopolite que Cusco ! Il y a plusieurs restaurants français également, aux prix bien entendus inaccessibles pour nous pauvres étudiants. A noter, on rencontrera plus de français qu’autre chose durant le voyage, ils ne seront pas cités à chaque fois. Au début c’est chouette, mais au bout d’un moment ça blase quand même. Amis étrangers, apprenez à parler français et allemands pour parler aux touristes, nous sommes vraiment plus nombreux que les anglophones, du moins dans cette région du monde.

En organisant la suite des évènements on trouve un tour pour la Bolivie pour 160 dollars américains de 4 jours… Nous partirions le Samedi 12/12 dans la matinée pour revenir le 16/12 et prendre un bus vers Santiago pour prendre l’avion vers El Calafate. On choisi de faire els lagunas cejar le lendemain à 20km, en vélo, puis le lendemain les puritamas puis en fin de journée la vallée en vélo. On va manger dans le premier restaurant qu’on trouve, grave erreur qui nous coutera 5K$ pour manger un truc gastronomique qui ne sens même pas bon et qui ne cale pas. Nous allons nous coucher, et dormons comme des pierres.


10/12 :

Nous nous levons à 7h du mat pour aller louer les VTT et partons à 8h direction les lagunas cejar après avoir petit déjeuner un pot de crème fraiche que Ju avait pris pour du lait concentré. J'en profiterais d'ailleurs, sûrement par dépit, pour en jeter une bonne partie par terre, juste devant l'entrée d'un restau qui venait d'ouvrir.

Les lagunas Cejar sont des lacs (enfin des mares vues la taille) vestiges d’un ancien grand lac qui s’étendait sur tous les salars d’Atacama et qui s’est évaporé au fil des ans. La concentration de sel y rend possible de marcher, comme Jésus, sur l’eau par endroit, ou de s’y baigner sans faire d’efforts pour flotter un peu comme à la mer d’Aral. Toutefois pour s’y rendre il faut faire du vélo, et si la marche ou le roller me réussissent, je ne peux pas en dire autant du deux roues, manquant d’expérience et probablement des muscles qu’il faut je ne suis pas autant à l’aise et ai tendance à me crisper et à me fatiguer rapidement.

Sur la route des lagunes, vers le centre du désert le plus aride au monde


On part donc pleine balle sur la route en ligne droite et Ju me distance aisément. Je ne tente pas de le rattraper et préfère y aller à mon rythme en restant sage. Je n’ai pas envie de me fatiguer dès le début, surtout avec le programme qui nous attend. Le bitume laisse de toute façon vite place à une piste de sable mou, cailloux, pas facile. On en chie tous les deux sans se rendre compte qu’on brûle sous le soleil de plomb du désert le plus aride du monde. On fait des poses régulières pour prendre des photos et des vidéos, tandis que l’indice d’UV grimpe sans que l’on s’aperçoive des dégâts.

Laguna de Cejar


On fini par arriver à la laguna Cejar et payons l’entrée de 2000$, chaque attraction touristique de San Pedro de Atacama a un prix d’entrée, et le budget qu’on s’était fixé semble déjà loin. Nous décidons de le doubler en rentrant. Arrivés dans la laguna, nous partons photographier nos premiers flamants roses (un peu gris d’ailleurs), tout en observant la flore environnante qui est étonnamment variée pour une région au sol très salé. Vite lassés des flamants nous partons nous baigner dans l’autre laguna dédiée à cette activité. L’eau est moins chaude qu’on ne l’aurait pensé, et nous nous décidons enfin à mettre de la crème solaire, remarquant qu’on mettra probablement plus de temps que prévu pour s’immerger complètement.

Laguna de Piedra (ou Ojos de Piedra - Yeux de Pierre)


Croyant ne pas trop risquer de bruler, nous prenons notre temps pour avancer dans l’eau. La progression est pénible de toute façon car le sol est tapissé de cristaux de sel gros comme le poing et que nous n’avons pas pris nos tongues. En continuant dans ces bas fonds on finit par trouver une eau profonde dans laquelle il est théoriquement possible de tenir debout. Théoriquement car c’est impossible en pratique, les pieds remontants comme des bouses à la surface sans qu’on leur demande. Il est d’ailleurs amusant d’essayer de lutter contre cette formidable poussée d’Archimède, et reposant de s’affaler comme dans un transat dans l’eau qui s’avère très bonne une fois immergée. Bonne chance pour se noyer là dedans.

D’autres gens finissent par arriver, et d’un accord tacite nous décidons d’être asociaux pour cette fois et partons la tête haute et le corps enduit d’une épaisse pellicule de sel. Après s’être longuement séchés, avoir négligemment brulés, nous enfourchons nos bécanes intelligemment posées à l’ombre afin de revenir en ville. Toutefois cette tache s’avère bien plus difficile que prévu. Du fait de notre manque d’expérience en VTT, nous avons super mal au cul et s’assoir c’est pire que si on avait des hémorroïdes. Le retour sera donc gore.

Portrait de Nico salé

Portrait de Julien salé


En rentrant à SP de Atacama je me prends deux fois la cheville dans la chaine et décide qu’on n’ira pas à la vallée de la Lune en vélo. Ju accepte compréhensif une fois que la loueuse de vélo nous dit que là si on a eu du mal on va probablement mourir en allant à la vallée de la Lune. On trouve donc un tour pour ladite vallée pour l’aprèm qui part à 16h. Durant ce tour nous serons avec tout un groupe de touristes, trop, et visiterons les endroits les plus beaux du coin. Le trajet en vélo aurait d’ailleurs été effectivement compliqué et est à réserver aux sportifs expérimentés. Le col pour y accéder est bien raide, et le vent très fort. Nous acceptons donc sans rechigner de s’amputer de notre liberté pour la fin de la journée. On aura d’autres occasions de s’évader.

Le bus finit par s’arrêter en haut du col pour nous donner un mirador sur toute la vallée ainsi que sur le salar d’Atacama. Le guide nous explique la théorie géologique de la formation de ce paysage : des dunes de sable se sont formées avec l’accumulation de sable. Captain Obvious bonjour. Nous ensuite payé l’entrée de la vallée, avec le sourire s’il vous plait (2000$) puis nous sommes allés dans un canyon superbe formé de schistes de sable et de sel. Du porno pour géologue.

S’ensuivit un petit détour par la supposée vallée de la mort sur laquelle le guide fit plein de blagues, n’y croyant visiblement pas lui-même. En effet, c’était plutôt la vallée du vent et des touristes allemands qui perdent leurs casquettes.Le temps de prendre deux photos et nous étions remontés. Je pense qu’on s’y serait aventurés si nous étions venus en vélo.

Enfin nous arrivons devant une sorte de statue naturelle formée par l’érosion du sol (qui prend tout de suite de l’ampleur). C’est la statue des trois vierges, je sais pas d’où ils sortent qu’elles sont vierges mais bon je suis pas spécialiste dans la sexualité des vieilles pierres. Bref vous l’aurez compris ça ne nous intéressait pas le moins du monde et Ju et moi préférons grimper une dune d’où descendait un fort vent chargé de sable et de petits cailloux pointus à tête chercheuse. Le vent augmentait au fur et à mesure de notre ascension et arrivés en haut il était suffisamment fort pour nous faire tenir à 45° au dessus du sol. Vraiment impressionnant, ça donnait l’impression de voler.

Le bus nous déposa ensuite à un spot apparemment sympa pour observer le coucher de soleil et le guide piqua sa crise en disant qu’il fallait être de retour à 8h20 pétante sinon il partait sans nous. Son imitation du parisien stressé était saisissante, on s’y serait cru. Nous montons donc le coin indiqué, sous le regard du grand volcan dont j’ai oublié le nom qui domine l’horizon accidenté du désert d’Atacama (Licacanbur - 6000m). Ju part en quête des couleurs magnifiques des couchers de soleil de cette latitude que son appareil capture si bien tandis que je mitraille le soleil en testant mes réglages manuels. Nous eûmes donc 20 minutes fatidiques pour prendre des photos avant de retourner dans le bus, la tête dans les nuages devant les superbes couleurs que les couchers de soleil savent donner dans les déserts. Ce tour est superbe et très dense. Ma critique est que le guide ne sert à rien mais à part ça c’est vraiment de belles choses que l’on peut voir dans la vallée de la Lune.

Coucher de soleil sur la Vallée de la Lune


De retour au camping nous bouffons comme des malpropres pour 2000$ ce qui est vraiment bas puis allons déguster nos piscos sour chiliens gratuits. La rivalité Chili-Pérou va jusqu’au pisco dont ils se battent pour l’AOC. Alors mon avis, le pisco est évidemment péruvien, mais le pisco sour chilien est meilleur et de loin contrairement à tout ce que les péruviens pourront proclamer du haut de leur nationalisme. Je m’autorise une tranche de gâteau dans ce même restau car je ne vois que des plats magnifiques autour de moi (restau français d’ailleurs). Après réflexion c’était bien entendu une connerie niveau budget. Nous retournons nous coucher, assez peu dérangés par les incessants aboiements des chiennes du camping.


11/12 :

Nous nous levons à 7h, pressés d’en découdre avec les termes de puritama. Nous arrivons devant le local du tour peu avant l’heure, celui-ci est fermé. Nous attendons ainsi 2h avant de comprendre qu’il n’y aurait pas de tour, un plan à la péruvienne auquel les chiliens ne nous avaient pas habitués.

Nous partons donc à la recherche d’un plan B qui fut un tour à puritama en voiture privée avec retour en vélo pour 15K$ soit 5k de plus que prévu avec une grosse dose de liberté à la fin. Un mal pour un bien. Une fois accepté, nous retournons voir le local du tour original bien décidé à entendre leurs explications. En fait la voiture nous a apparemment attendus devant un camping qui n’était bien entendu pas le notre. Bref on nous avait mal expliqué et on n’avait pas cherché à comprendre, certains que le rendez vous serait devant le local. Bref bref bref. Nous partons donc avec l’autre agence, le chauffeur est français et installé depuis 8 ans à San Pedro de Atacama où il a apparemment rencontré l’amour. Remarque les chiliennes du nord sont bien plus belles qu’à Santiago. Les mêmes yeux et un beau corps : combinaison gagnante. Celui-ci est content de parler en français et nous parlerons longuement de divers sujets mais ça finira sur de la politique et sur sa vision des relations chilio-péruviennes. Donc spoiler : apparemment il va y avoir une guerre en Amérique du sud entre tout le monde où les corporations exploitant les mines tireront les ficelles afin de gagner des sous. Ca me semble un peu dramatisé à l’heure où j’écris ces lignes mais bon si j’ai noté ça…

En arrivant aux termes nous nous frottons les yeux longuement, nous pinçons afin d’être surs de ne pas rêver : entrée = 10k$. Ju et moi se sentons con car nous n’avons même pas cette somme. C'est alors que le garde nous fait un discount de 50% sans négociation (qui sont de toute façon impossibles au Chili) sous les hallucinations du français qui nous aide par la suite de 2K$ « parce que vous êtes sympas ». Nous voila donc près à se prélasser dans une eau à 35° toute la journée tels des larves gisant inertes dans une branche de bois mort. Je ne sais pas d’où sort cette métaphore pourrie et je fais ce que je veux c’est moi qui écrit. La journée s’annonce pas si pourrie au final.

Les Thermes de Puritamas


Les termes sont composés de 8 bassins à travers lesquels passe une rivière naturellement chauffée. Nous en trouvons un vide dans lequel nous nous empressons de s’installer. Nous avons également emportés de la lecture ce qui rend le tout encore plus paradisiaque. (Prononcer DââââÂh avec une voix haut perchée). Le vent fini par se lever en fin d’aprèm comme il le fait tous les jours à cette époque de l’année et d’un coup sortir de l’eau s’avère compliqué. En fait à chaque instant l’air se refroidi un peu plus et nous décidons d’abréger la baignade pour se concentrer sur la lecture dont j’ai du mal à me détacher. Le soleil tape et je prends conscience de l’importance des dégâts causés la veille. Nous sommes donc vite rhabillés et peu après abordés par une famille de chiliens. Ceux-ci vinrent aimablement nous offrir la fin de leur repas car ils n’ont plus assez faim pour terminer. Un gros repas gratuit pour chacun de nous, nous exultons. Entre le français qui nous donne 2K$ et les chiliens qui nous donnent un repas la journée commence à être rentable. Les chiliens sont vraiment très sympa malgré les prix excessifs de leurs services. Nous réalisons que nous devons vraiment ressembler à des clochards, entre ma barbe et nos habits crades l’ensemble doit être misérable et faire de la peine à voir. Nous entamons la route du retour vers 16h, nous avons 30km à faire en vélo, la majeure partie en descente avec le vent dans le dos. Nous fusons à toute vitesse à travers le désert et malgré quelques soucis de déraillement dus à mon inexpérience nous avançons à un bon rythme pour des cyclistes occasionnels.

A vélo, à travers le désert (bis)


Puis arrive la seule et unique montée du parcours vers laquelle nous arrivons à pleine vitesse. Vous sentez le drame arriver et c’est normal, dès le premier virage je me crash contre la montagne comme une daube, celle-ci va bien je vous remercie pour elle. En arrivant en roue libre, j’ai freiné le plus tard possible pour prendre le plus de vitesse que je pouvais dans la montée, en tournant, la roue avant a dérapé sur du sable mou et des graviers et au lieu de tourner je suis allé droit dans le mur. J’ai tout d’abord pensé à mon appareil photo « merde mon appareil », puis à mon bouquin savamment attaché dans le dos « merde mon bouquin » puis forcément je me suis rendu compte que j’étais à terre et que mon coude me faisait presque aussi mal que la partie écorchée de mon coup de soleil sur le mollet « aïe ». Puis ni une ni deux je me relève, enfourche le vélo et tente de rattraper Ju qui est devant et qui ne sait pas encore que je suis tombé comme un Nico. Aussitôt dit, aussitôt fait, je me mets à pédaler…. Le vélo est déraillé, la roue avant est méchamment voilée au point qu’elle ne roule plus du tout. Ju a la trousse à outil fournie avec les vélos et je ne peux rien faire tant qu’il ne revient pas. Je suis seul à 30km de San Pedro de Atacama dans le désert le plus aride du monde, sans autre moyen de transport que mes jambes et le jour commence à se coucher. Ju fini par revenir, me voyant sourire il se met à rire « haha t’es tombé, haha trop drôle » puis, voyant que je lui montrais la roue, il changea subitement de masque et vêtit celui de Ju sérieux opposé à un problème.

Bref moment de doute, moi je suis mort de rire en voyant l’état de la roue, ma réaction naturelle face à un problème problématique. Ca aurait pu être pire, j’aurai pu sérieusement me blesser. Ju a l’idée de démonter les freins de la roue avant pour enlever les frottements. Cela suffit et je repartais donc au volant d’une roue qui faisait la hola. Ju avait repéré une route tout terrain qui fut donc élue pour tester la fiabilité d’une roue voilée sur un sol friable et rocailleux : en tout cas c’est pas une amélioration sur la version classique d’une roue. Ce sentier c’était un peu Prelles, mais en vélo et moins raide et moins long. Ce fut finalement la seule difficulté qui s’ensuivit et le retour se passa sans évènements particuliers et la roue ne me gêna pas outre mesure. J’ai eu un peu peur de devoir payer les dégâts mais c’était inclus dans l’assurance apparemment. Tant mieux.

On arrive assez tôt pour se préparer pour le lendemain, manger tranquillement et tout (tout qui se résume ici à dormir). Je me rends bien entendu compte que j’ai fais de la merde avec mon budget et décide donc de bouffer 2 carottes pour 200$ ainsi qu’une des oranges du repas gratuit offert par les chiliens (l’autre s’étant échappée quelque part sur la route du retour). Excité à l’idée d’aller en Bolivie alors que ça ne faisait plus partie de nos plans depuis le mois d’octobre, j’ai du mal à trouver le sommeil.




Nico

15 novembre 2009 : Arequipa

La folie nous gagne après beaucoup trop d'heures de bus




Le franchissement périlleux de la barre des 6000m






7 novembre 2009 : Puno

Le fameux lac titicaca (les pumas de pierre)


Nico